Hai Caramba !  

Gaby & Yue

La vie de Yue était incroyablement calme ces temps-ci. Elle en venait presque à se demander si leur agence de les avait pas un peu oublié avec Erena. Remarquez, ça devait être long de monter un clip et préparer la promotion derrière.
Et si ce qu'elles avaient fait était mauvais ? Etait-ce pour ça que cela prenait autant de temps ?
Non, non. Elle devait s'enlever cette idée de la tête. Toute l'équipe les avait félicité et s'il y avait eu un problème, elles en auraient été informées, pour sûr.
Elles devaient prendre ça comme des petites vacances. Oh oui. Yue aimait bien cette idée là. Allez, elle la validait. C'était l'occasion pour elle de se reposer et passer du temps avec ses amis. Elle voyait beaucoup Maiko en ce moment grâce à sa promotion. Kô beaucoup moins. Et même s'ils étaient partis quelques jours ensemble à Osaka, elle n'en avait jamais assez.
Et si elle l'appelait ?

Ring ♪

Comme si son téléphone l'avait entendu, sa sonnerie s'était déclenché. Pleine d'espoir, Yue avait saisi l'appareil persuadé qu'il s'agissait de son meilleur ami.
Gabriel.
Ce n'était pas Kô.
C'était son ami, mais ce n'était pas Kô.
Comment Gabriel avait eu son numéro de téléphone ? Elle lui avait possiblement donné sans faire gaffe, c'était Yue après tout. Et puis, il n'était pas méchant. Spéciale était un meilleur qualificatif. Mais pas méchant... Et s'il était l'ami de Kô, elle n'avait rien à craindre. Mieux ! Il sortait avec son amie, Erena. Au fond, c'était un chic type. Elle en était sûre.

D'accord, mais elle ne comprenait pas vraiment pourquoi le garçon lui donnait rendez-vous. Mah. Elle ne pourrait pas savoir tant qu'elle n'irait pas, n'est-ce pas ?
Oui, parfaitement, Yue avait la méthode de raisonnement la plus secure du monde. Ironie.

L'Osakan s'était donc rendue à Ginza, habillée simplement en s'imaginant qu'une simple paire de lunette suffirait pour la camoufler un peu. Vraiment qu'un peu. Bah oui, fallait bien que Gabriel la reconnaisse !
Elle en revanche... elle eut beau scruter le café, la tête blonde qu'elle connaissait du métis ne lui sauta pas aux yeux. Il n'était peut-être plus blond.
Est-ce que tout le monde avait fait exprès de changer leur couleur de cheveux quand elle décidé de faire blonde ?

Une voix finit néanmoins par attirer son attention. Gabr-..... iel ? Non, c'était qui ce type louche avec ce manteau et ces lunettes ? Il ressemblait à ce genre de personne que ses parents et Kô lui avaient toujours interdit d'approcher.
Mais il connaissait son nom.
Tout le monde connait ton nom, maintenant, Yue...
Et il portait un sombrero. C'était forcément le copain de Kô !

« …. Gabriel ? » tenta-t-elle en se rapprochant de la table. Bon, comme elle ne voyait personne d'autre qui lui ressemblait, elle assuma qu'il était bien celui qu'elle cherchait. « Hello ! » lança-t-elle avec plus d'entrain. Un sourire avait pris place sur son visage tandis qu'elle s'installait à la table de son possible futur ravisseur et assassin.

Elle haussa un sourcil quand le supposé Gabriel lui parla avec un accent allemand. Tout de suite, elle n'était plus très sûre... Gabriel n'était pas d'origine coréenne ? Choi, c'était coréen non ? Elle en était à peu près sûre.
Elle eut un petit mouvement de recul, regardant autour d'elle. Elle déglutit, soudain muette. Parler affaire ? Est-ce que Gabriel dealer de la drogue ?
Ca expliquait la tenue... Mais dans quel pétrin elle s'était encore fourré !
Remarquez, elle se trompait peut-être... n'avait-elle pas pris Naoki comme un tueur en série la première fois qu'elle l'avait vu ? Après l'avoir pris pour Jesus, aussi. Oui, bon.

« Euh... Oui... et toi ? »

Allez, elle n'était pas rassurée mais ça va : il y avait du monde. Il ne pouvait pas lui faire du mal en public, si ?
Bah, à ton image en tout cas, c'était certain.

« Tu voulais me voir ? » Reprit-elle d'une voix qu'elle voulait plus assurée. Mais ses yeux se fixèrent sur le couvre-chef de son vis-à-vis. « Tu l'as volé à Kô ? Il ne va pas être content.... »

Laissez Kô en dehors ça. Vraiment.
 
 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

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« C’est moi, tu m’as pas reconnu ?   » Réponds-je, presque choqué que la charmante japonaise ne m’ait pas reconnu. «   J’veux dire, à part Kô, tu connais beaucoup de gens qui porteraient un Sombrero en plein Tokyo ?  »

Choqué est un bien faible mot, je suis profondément déçu que la demoiselle n’ait pas réalisé que je suis la personne qu’elle est venue voir. Tristesse, rage, désespoir. Faut-il vraiment s’habiller normalement pour être reconnu dans cette ville ? Pour le coup, elle part avec un point en moins, et je me suis promis d’être intransigeant envers elle !  Yue sera notée de façon objective (évidemment, vous pensiez quoi ?) et elle n’a pas intérêt à commettre la moindre erreur, car tout crime de lèse-Gabriel sera très sévèrement puni.

Je laisse la créature s’installer face à moi, un large sourire aux lèvres alors que mon regard se pose sur elle, cherchant à découvrir les moindres secrets qu’elle pourrait dissimuler à ma connaissance. Oh, il n’est pas question que je la laisse poser les pattes sur ma créature, mon objet, mon ami de toujours… De toujours ? Oui ! Surtout pas si elle se révèle être une vile tentatrice incapable de faire son bonheur, comme le suggère son apparence. Que se cache-t-il sous son sourire enjôleur et son air jovial ? Je plisse les yeux alors qu’elle pose une question.

« Il faut qu’on parle, oui, dit plus simplement.  » Cette fille m’énerve déjà à tout compliquer comme ça. «   C’était un signe de reconnaissance ! Mais ça va, ouais.  »

Mon plan était simple. La mener à parler de Kô de la façon la plus subtile qui soit, sans qu’elle n’en ait conscience, et quoi de mieux pour qu’elle n’ait pas conscience de mon plan principal, que de commencer par celui-là ? En général, on ne commence pas une conversation par le côté important, pas vrai ?

« C’est bien à Kô. Tu l’as vu récemment ?   »

La tension est à son comble, je peux sentir les tiges de mon sombrero vibrer sous la pression, mais je crois que je suis le seul à en avoir conscience. Elles attendent avec autant d’attention que moi la vérité au sujet de Kô, les choses que mademoiselle Yue peut penser. Ah, j’ai hâte d’avoir terminé cette interview, ça me gratte déjà. Ôtant mes lunettes d’un geste expert – merci Horacio, j’te la fais à l’envers, car je suis plus swagg que toi – je l’observe avec tout le sérieux dont je suis capable.

«   Tu trouves pas qu’il est fort occupé à tourner autour des filles, d’ailleurs ?  »

La subtilité, nous disions donc, car c’est effectivement ce dont il s’agit à cet instant. Bah quoi, vous ne pensiez quand même pas que j’allais directement lui demander si elle n’était pas jalouse de voir des demoiselles tourner autour de son héros sans armure ? Bon, en vérité, je raconte peut-être un mensonge. Faudrait que je lui demande comment se porte son harem, à ce con.

 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

Bah non. Là tout de suite, elle avait eu du mal à le reconnaître. Elle n'était pas très sûre, mais c'était peut-être à cause de son déguisement. Et aussi la raison pour laquelle elle s'était dit que ça devait être lui. Un sombrero, c'était familier. Elle avait vu la lumière et l'avait suivi. Celle du sombrero, pas de Gab.
Ainsi elle avait secoué négativement la tête avant de prendre place. En fait, même Kô ne portait pas ça dans la rue... En tout cas, pas avec elle.

Elle avait beau savoir qu'il s'agissait de Gabriel à présent, elle n'en était pas plus rassurée. Ou plutôt, elle était un peu mal à l'aise. Pourquoi l'étudiant avait l'air aussi sérieux derrière ses grosses lunettes ? De quelle affaire voulait-il parler ?
Silencieuse et attentive, elle l'avait écouté jusqu'à ce première question.

« Si je l'ai vu ? » Elle fut un peu étonnée qu'il lui demande ça. Il y avait un problème ? Haussant les sourcils un peu inquiète, elle détourna un peu le regard pour se souvenir de la dernière fois qu'elle l'avait vu. « Euh... il y a peut-être moins d'une semaine... Enfin, on était à Osaka le mois dernier... » Yue ne savait pas très bien quelle information Gabriel recherchait. D'autant que Kô avait dû lui en parler s'ils étaient amis... non ?
Elle allait lui demander s'il y avait un soucis particulier, songeant qu'elle eu envie de le voir avant que ce garçon face à elle ne la contact en premier. Cependant, il enchaîna avec une autre question qui fit écarquiller les yeux à la jeune fille.

Kô tournait autour des filles ?

Ses joues avaient peut-être un peu rosies. Elle avait ouvert la bouche mais aucun son n'était sorti. Qu'est-ce qu'elle en savait ? Kô ne draguait pas quand il était avec elle ! Elle ne le savait d'ailleurs pas si volage... Est-ce que Kô avait plusieurs copines ? Elle ne pensait pourtant pas que c'était son genre !

« J-Je... euh... je... je n'en sais rien... Il ne me parle pas de ce genre ... de chose... » C'est fou, on voyait pas pourquoi. « J-J'imagine que Kô a le droit de s'amuser..... non ? »

Oui, en quoi est-ce que ça la concernait ? Ramenant une mèche derrière ses oreilles, elle avait péniblement relever les yeux vers Gabriel. Mais, il avait l'air si sérieux... c'était pour ça que son ami voulait la voir ?
Tentant de reprendre contenance, elle inspira un grand coup avant de se recentrer.

« Je ne vois pas le problème... Est-ce que tu penses que Kô a de mauvaises fréquentations ? »

C'était peut-être ce qui préoccupait Gabriel après tout....
 
 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

 Ah, cette petite n’a même pas idée de la chance qu’elle a de m’avoir face à elle. Enfin, surtout, de la chance que Kô a de me compter parmi ses amis, car il n’a visiblement pas compris le potentiel que cela lui offre. Genre, avec mes capacités d’entremetteur hors du commun, je suis bien décidé à lui permettre de pécho la belle, d’une façon ou d’une autre… Ou alors c’est moi qui me fais des films en me disant qu’ils seraient mignons tous les deux ? S’il vous plaît, arrêtez de me prendre pour un pauvre niais de bas-étage, c’est franchement pas mon truc les niaiseries. Moi, je préfère mettre une meuf dans mon lit et tirer mon coup, tranquillement. Bon, ça n’est pas arrivé souvent depuis mon atterrissage au Japon, mais je ne perds pas espoir ; un jour, j’arriverai à me taper mieux que des alcoolos en soirée. J’y crois comme on doit croire aux fées.

Je hoche la tête silencieusement quand elle répète ma question, puis je plisse pensivement les yeux, l’observant avec attention. Osaka, osaka… J’ai aucune foutre idée d’où c’est, mais c’est pas grave. Ah, attendez, c’est pas l’endroit d’où viennent les boules dégueulasse au poulpe là ? Aucune idée, faudra que je me renseigne. Genre, sur google. Ouais, voilà. Je continue à l’écouter et à l’interroger, pianotant nonchalamment ma recherche sur mon téléphone.

« Il a le droit de s’amuser avec des filles chaudes comme la braise ? »

Un problème avec mes expressions ? Au moins, la victime a l’air de mordre à l’hameçon et de comprendre qu’elle est peut-être en danger. Enfin, je l’interprète comme ça. Je la regarde sans perdre mon air sérieux, tapotant la table devant nous du bout du doigt, essayant de trouver quelque chose d’intelligent à dire ou, du moins, quelque chose qui permettra de m’en sortir.

« Il t’a parlé de sa mexicaine, Yolanda-Abigail, je crois ? »

C’est qui Yolanda ? Eh bien figurez-vous que je viens de lui inventer un coup d’un soir à Kô, avec ce nom. Eh oui, parce que j’en suis réduis à ça, à tirer au hasard des prénoms pour lui donner une vie sexuelle crédible. Reste que si Yue pouvait se montrer un peu plus concernée par le sujet, ça m’arrangerait, car je risque de tomber à court d’idées rapidement, à ce rythme… Quoi ? Oui, je suis peut-être un peu paresseux, mais ça n’est pas le problème. J’ai juste pas envie qu’elle tourne en rond pendant des années, enfin qu’ils. J’veux que Kô pécho quoi, mon bébé, je vous jure !

 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

Des billes. Les yeux de Yue étaient comme deux grosses billes parfaitement rondes et ce en dépit de ses yeux bridés. Ajoutant à cette forme géométrique singulière, une teinte cramoisie à ses yeux rendant le tout parfaitement chaleureux. Mais de quoi diable Gabriel était-il en train de lui parler ??
De Kô. Et de filles. « C-Ch-Chau...des c-comme... » Oui, chaudes comme la braise, c'était bien ce qu'il avait dit. Et elle ce qu'elle n'arrivait pas à répéter. Yue était naïve mais elle n'arrivait pas trouver d'alternative innocente à cette phrase pour que son cerveau puisse se réfugier au pays des bisounours. L'Osakan continua de dévisager son vis-à-vis sans trop comprendre le but de cette conversation... Alors Gab ne s'inquiétait pas des fréquentations de Kô ? Ou peut-être un peu trop … Mais elle, qu'est-ce qu'elle y pouvait ?? Baissant les yeux sur la table, elle tenta de formuler une phrase un peu plus correcte :

« K-Kô est grand... Il... il fait ce qu'il v... »

Yolanda qui ? Yue redressa sa tête, jetant un regard plein d'incompréhension au métisse. Une mexicaine ? Le cœur de la jeune idole se serra. C'était qui cette fille ? Pourquoi ça la dérangeait autant ? N'était-elle pas en train de dire à Gabriel que Kô était un grand garçon et qu'il faisait ce qu'il voulait ?
Elle n'était pas jalouse. Pas trop. A peine d'accord ? Mais surtout, si elle ne ressentait que très peu ce pincement désagréable au cœur, c'est qu'elle ne s'était jamais posé de question sur la vie amoureuse de Kô. Elle en avait plaisanté un peu avec lui, mais ce n'était jamais des questions très sérieuses. Peut-être parce qu'elle craignait qu'il lui retourne la question. Elle n'avait pas vraiment envie de parler de sa relation avec Hiro. Peut-être aussi qu'elle n'avait envie de savoir pour Kô. Qu'elle ne voulait surtout pas entendre qu'une Mexicaine l'attendait là-bas, dans ce pays qu'il avait quitté mais dont il était pourtant amoureux … Elle ne voulait surtout pas l'entendre. Comme elle ne voulait pas entendre parler de cette Yoldanda truc.
Se mordant l’intérieure de la joue, Yue avait emmêlé une mèche au bout de son doigt en détournant le regard.

« Non... il ne m'a rien dit..... » Pourquoi le ferait-il ? Parce que c'était sérieux ? Sa poitrine lui fit de nouveau mal. « Toi oui ? » S'il t'en parlait... Mais ne venait-elle de se dire qu'elle ne voulait rien savoir ? Ah ! Elle détestait les sentiments contradictoires qui l'animaient. « Enfin... J'imagine que çe ne me regarde pas... mais.... Kô en parle souvent ? » Ce regard soudain implorant qu'elle venait de tourner vers Gabriel, elle le regrettait. Tout comme toutes les pensées qui avaient suivis. L'idée que Kô puisse parler de cette étrangère …. plus que d'elle... oh non, ça lui déplaisait un peu trop. C'était un peu égocentrique... mais c'était elle sa meilleure amie ! C'était normale qu'il parle d'elle autant qu'elle parle de lui ! Même de Haruto, son voisin adoré, elle n'en parlait pas autant !

Baissant un peu plus le visage comme si la honte lui pesait trop, elle tritura ses doigts sous la table tandis qu'elle ne pu retenir une nouvelle question malgré elle :

« …. T-tu crois qu'il compte la revoir ? »

Là-bas. Au Mexique. Loin d'elle.
 
 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

La pauvre Yue, elle a l’air tellement dévasté par ce que je lui annonce. Eh ouais, des meufs chaudes comme la braise. C’est plutôt triste pour un mec comme Kô, ce type est niais comme un bébé panda tout rose qui chouine dans la gueule de sa mère. Too Bad Ladies. Je suis pourtant sûr qu’il pourrait faire des progrès incroyables en drague s’il osait aller un peu plus vers la femme en lui demandant si elle a envie de passer un bon moment… Ok, on évitera de rappeler que ça m’a donné le droit à pas mal de mauvais plans… MAIS. On s’en fout, right ? Parfois, ça sauve des vies. I Swear. On m’appellera Gab le Saviour, un jour.

Dans les propos de la petite gueusette d’Osakie, je crois dénoter un peu de doute. Putain, si elle pouvait arrêter de bégayer, ça m’aiderait à comprendre ce qu’elle dit, je sais pas. Yolanda, c’est sûrement ma meilleure idée, en tout cas. On est sur la bonne voie. Je le vois dans son regard de jeune femme sans défense. Mais est-ce qu’elle me croit seulement ? M’appuyant sur le fond de la chaise, je frotte pensivement une barbe imaginaire et j’observe la petite d’un œil attentif. Comme elle est mignonne.


« Évidemment, on se dit tout lui et moi. »

On parle énormément du 1% de la vie qu’on partage l’un avec l’autre. Oui. Les autres, j’en connais rien, mais c’est pas grave du tout, on s’en branle.

« Il en parle parfois, oui. »

Parfois, genre jamais, mais comment elle pourrait le savoir, hein ?

« Hm… Sûrement, le jour où elle existera ? »

Et voyez ce magnifique sourire de crétin que j’affiche au moment où je lui décoche ces quelques mots, plus fièrement que jamais. J’éclate de rire après ces quelques mots, un peu trop fier de ce que je viens d’annoncer.

« Je te fais marcher, Yue-chan ! »

 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

Yue ne savait pas Kô et Gabriel aussi proches. Elle savait qu'ils étaient bons copains, parfois Kô lui parlait de lui... Mais autant ? De là à tout ce dire ? Même ce genre de.... de choses ? Les pommettes de la jeune filles ne s'éclaircirent pas tandis qu'elle imaginait malgré elle, les conversations des deux garçons. Non. Non, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas imaginer ! Jalouse de Gabriel parce que Kô lui parlait de ce genre de chose et elle, non ? Pas du tout ! Elle préférait ne rien savoir. Oui, voilà, Kô était toujours le garçon de 16 ans qu'elle avait quitté au collège ? Un garçon souriant, qui avait d'ailleurs le plus beau sourire du monde, mais ça ce n'était pas utile de le préciser, amoureux de la musique, un brin moqueur sur les bords... mais qui ne se tapait pas des filles chaudes comme la braise du Mexique !!!
…. Calme Yue... On est à peu près certain que tes oreilles fument là.

A ce moment là, Yue se rendit compte que son visage était baissé et que ses yeux ne parvenaient pas à fixer autre chose que ses mains nouées sous la table, tandis qu'elle triturait nerveusement ses doigts en bataillant pour oublier toutes ses images atroces qui tournaient à présent dans sa tête.
Kô parlait de sa Yolanda à Gabriel. Pourquoi ça ne lui plaisait pas du tout ?
Déglutissant avec peine, elle réussit à finalement articuler quelques mots, mais sans être capable de relever les yeux vers le métisse.

« J-Je vois... C'est qu'il doit l'apprécier j'imagine... C'est... C'est bien s'il a gardé de bon contact avec le Mexique... oui... oui, c'est bien... »

De bon contact avec le Mexique ? Tu vas parler d'amitié là aussi ? Est-ce que tu es sérieuse ? Surtout que ta phrase ultra robotique... c'était évident qu'elle ne s'adressait pas à Gab. C'était de l’auto persuasion. Se persuader qu'il n'y avait aucun mal à ça, que Kô était grand, qu'il avait les relations qu'il voulait, avec qui il voulait....
Oui. Ca d'accord... En revanche, ça ne devait pas devenir une raison pour la quitter elle, à nouveau. Au Japon, Kô devait y rester. Qu'il reparte pour s'amuser avec cette Yolanda truc, Yue n'était pas certaine qu'elle le supporterait. Même si c'était mal de penser comme ça.

La réponse de son camarade la laissa perplexe. Un instant, elle releva les yeux, incapable de dire un mot. Sûrement... quand elle existera ?
Allez, Yue, tu n'es pas si stupide... Gabriel se moquait d'elle ? Elle avait si peur que ça ne soit pas le cas. Elle n'aimait pas qu'on la prenne pour une idiote. Il n'y avait que Kô qui avait le droit. Mais là... Là Gabriel pouvait lui avoir dit toutes les bêtises qu'il voulait tant que rien de toute ça n'était vrai.
Et quand le garçon éclata de rire... l'idole se rendit compte qu'elle avait oublié de respirer. Elle ne se l'autorisa qu'à sa dernière phrase où elle poussa un trop long soupire. Cachant son visage dans ses mains, elle finit par se tapoter les joues pour se redonner de la contenance.

Une blague. Une très mauvaise blague. Yue était bon publique... mais là, elle s'était vu mourir.

« Aaaah ! Mais c'est pas gentil Gabriel ! T'as pas le droit de te moquer de moi... »

Si. Si il pouvait. En fait, même elle l'autorisait. Elle ébouriffa nerveusement ses cheveux et fit mine de s'éventer d'une main. « J'ai eu peur.... » Elle marqua une pause avant d'ouvrir la bouche sans qu'aucun son n'en sorte. Non, ce n'était pas ce qu'elle voulait dire. « J'veux dire... Non, j'ai pas eu peur pour ce que tu crois ! Kô est assez grand pour faire ce qu'il veut... et ça ne me regarde pas.... juste... enfin tu sais, j'avais peur qu'il retourne au Mexique... Mais euh.... s'il te plait ne lui dit pas. » Elle se cacha un peu les yeux avant de les découvrir pour lui envoyer un regard suppliant. « C'était bête de paniquer comme ça... Il va se moquer de moi... ! » Il pouvait.

Reprenant son souffle, la jeune fille attrapa le verre qu'on lui avait servi pour le siroter d'un air mi boudeur mi embarrassé. Reportant son attention sur le plaisantin, Yue fronça les sourcils... pourtant son regard trahissait le manque d'animosité qu'elle avait envers lui. Elle s'en voulait surtout à elle.

« C'était juste pour me faire une blague que tu m'as donné rendez-vous ? Selon ta réponse, je vais devoir me fâcher. »

Yue. Crédibilité. 0.
 
 

Hai Caramba !  

Gaby & Yue

Non mais regardez la, elle ne marche pas, elle fait un véritable marathon ! J’ai tellement de mal à me retenir de rire face à ce spectacle ravissant que je me contente de croiser les mains devant mon visage, mimant l’intérêt et la réflexion, avant de finalement lui avouer la vérité vraie, la fatalité qu’elle n’a pas réalisé un peu plus tôt et qui, je dois l’avouer, me donne envie de tout simplement éclater de rire. Ce que je fais un peu plus tard. Mais sérieusement, elle m’a cru ? Depuis combien de temps Kô est capable de se taper des mexicaines chaudes comme la braise ? J’ai envie de rire encore plus à cette seule idée. Je ne suis peut-être pas très actif pour le moment (la barrière de la langue, vous savez, ça pose pas mal de problèmes), mais je reste persuadé que ma vie sexuelle est plus palpitante que la sienne. Après tout, je me suis quand même tapé Kamiya Erena. LA Kamiya Erena. What you gonna do ? Je souris comme un idiot et continue à observer la demoiselle qui me fait face et qui semble enfin percuter que ce n’est qu’une vaste plaisanterie. Devrais-je dire un test ? C’est une expérience dont j’ai le secret.

« T’es mignonnes Yue-chan. » Réponds-je avec amusement. « Tu devrais savoir que j’ai le droit de me moquer de qui. Je. Veux. »

Je marque les points dans l’air à la manière d’un chef d’orchestre, mon large sourire toujours présent sur le visage alors que je scrute le visage et les réactions de la demoiselle. Ah, cette petite adorable. Elle ne comprend pas encore tout de la vie, visiblement. Heureusement qu’elle m’a pour mentor. Ok, mentor auto-proclamé, alors ? J’imagine que c’est tout aussi bien. Maintenant, je dois essayer d’arrêter de rire.

« Hm… hmm… » J’appuie mes mains sous mon menton et papillonne des yeux en l’observant, ce sourire bienheureux aux lèvres. « Je serai muet comme une tombe, Beauty. »

Ou peut-être pas ? Quelle tristesse. Et ce sourire qui ne tarit pas alors que je l’observe. Elle a l’air vraiment troublée, la choupette. Est-ce que j’aurais raison ? Au final, je crois que si c’est le cas, je vais peut-être le garder pour moi. Je trouve ça… Terriblement niais, d’une façon presque dégueulasse, mais au comble du cute, vraiment ! Pauvre petite Yue-chan, terrifiée à l’idée de voir monsieur Kô se jeter au cou de mexicaines un peu trop entreprenantes qui gémiraient son nom dans un élan d’extase. En même temps, je la comprends un peu.

« Oui, j’avais envie de te faire une blague. » Chantonné-je en réponse, jouant un peu avec mes doigts sur la table qui me fait face. « Bon, en vrai, j’avais envie de te voir aussi, je sais pas. Tu veux boire quelque chose ? Je te l’offre, tu l’as bien mérité. »

Au bout du compte, si cela me permet d’avoir un peu de compagnie et qu’elle me tend la perche… Je ne vois pas pourquoi je devrais cracher dessus, pas vrai ?