a routine. Voilà comment Maiko pouvait résumer la situation. Un instant, Nobuo était là, avec eux, prêt à profiter d'une journée familiale en cette occasion particulière, la minute d'après, il avait disparu. Retourner Tokyo, appeler la police, frapper à la porte de tous les voisins pour savoir s'ils ne l'avaient pas vu, mettre en place l'alerte enlèvement et se renseigner sur la présence d'un pervers sexuel dans le voisinage. Rien de tout ça. Maiko avait simplement pris sa veste, mis ses chaussures avant de déclarer à sa fratrie qu'elle se rendait à l'orphelinat. Parce qu'il ne pouvait être que là. C'était sa fugue préférée, et sa seule fugue bien heureusement.

Un peu déçue de cet écart à une journée parfaite en famille, elle avait promis de revenir rapidement avec le fugueur. Ce qui, comme elle l'avait pensé en quittant son immeuble, n'était pas si certain que ça. Après tout, connaissant son cadet, il n'était pas sûr qu'il veuille rentrer sans opposer de résistance. Aujourd'hui c'était Pâques, et l'idée de le passer avec les autres orphelins à chasser des oeufs avaient dû lui sembler bien plus séduisante qu'une après-midi banale en famille. Si en plus il y avait Rin, il refuserait de rentrer et lui ferait les yeux doux comme il savait si bien le faire. Les petits frères... les véritables Rois du Monde de nos jours !

Sans contre-temps, Maiko était arrivée à l'orphelinat. Habituée des fugues de son frère, tout comme les membres du personnel, elle était simplement rentrée après avoir salué un employé qui l'avait informé que tout le monde se trouvait dehors pour la traditionnelle chasse aux oeufs.
Par quoi elle était sensée commencer ? "Désolée, mon frère a encore oublié qu'il avait une famille" ou "Les cloches vous ont déposées un paquet de trop." ... une petite note d'humour, pas mal. Malheureusement, ce genre de scènes était tellement coutumière que la première phrase qui était venue tandis qu'elle avait rejoint Rin aperçu en premier :

« Salut. Mon frère est dans le coin ? »

Oui, il l'était, juste là, avec les autres enfants. Quelques secondes plus tard, tandis qu'elle le repérait, il lui adressait un joyeux signe de main. Le fourbe, il allait jouer sur la joie pour lui convaincre de rester un peu et... :

« Nee-chan, t'es en retard, on a déjà tout trouvé ! »

... qu'est-ce qu'on vous disait : routinier !
Est-ce que c'était vraiment la peine de lui demander de rentrer ? Maintenant que la présence de Rin était confirmée, elle le savait, il ne voudrait jamais rentrer sans au moins tenter un caprice. Il l'adorait. Et depuis qu'elle avait été promue au rang de backdanseuse pour BAG, il parlait encore plus de lui.
Elle n'allait pas le critiquer pour ça. Elle aussi, elle trouvait Rin très cool et travailler avec lui était loin d'être une mauvaise nouvelle :

« Désolée. Il a été sage hein ? »

Bon. On parlait de Nobuo et pas de Minoru. Si le deuxième était un adolescent qui vivait pour tourmenter son monde, le premier était encore un gamin adorable. Elle l'avouait, elle n'avait pas tellement envie qu'il grandisse. Et pourtant, le temps passait si vite, il avait eu 10 ans il y a peu et avant qu'elle n'ait le temps de le voir venir, il ne serait plus son petit Peter Pan.

lle prendrait peut-être le temps de lui faire une Remarque, deux… combien avant qu’elle ne cède à la faiblesse de sa bouille d’enfant heureux ? Maximum trois… faible grande sœur qu’elle était. Mais ce n’était pas la pire connerie du siècle et puis… oui, elle l’avouait, elle l’aimait son Peter Pan.
Comment le gronder maintenant que Rin lui désignait un Nobuo manifestement heureux d’être là ? Impossible. Si toutefois ça avait été un jour possible. Et puis, maintenant que Kotani dernier du nom (on l’espérait en tout cas) était un fier partenaire de la prochaine crise de foie… non, elle n’avait vraiment pas le cœur à le sermonner plus que d’une simple remarque :

« Tu penseras à dire merci au moins bandit ! »

Hochant la tête dans une expression irrésistible, Nobuo n’avait pas manqué de s’exécuter aussitôt en remerciant d’abord Rin pour le chocolat avant que d’autres enfants ne viennent un peu lui voler la vedette en montrant leur butin à leur grand frère préféré, le dénommé Rin.
Avec un sourire un peu trop grand sur les lèvres, Maiko les avait salué à son tour. Ok… peut-être qu’elle aimait bien venir là aussi… elle plaidait coupable. Mais on vous mettez au défi de résister à une seule de ces bouilles ! Impossible ! En tout cas quand on avait un cœur et des yeux !
Que Rin prenne toujours le temps de venir ici, elle trouvait ça cool. Et à voir comme les enfants, dont son frère, avaient l’air de l’apprécier, c’était même doublement cool.

Saluant la directrice après avoir appris que son frère ne s’était pas fait remarquer, même si ce n’était pas son genre en général, elle avait reporté son attention sur Rin à son invitation.
C’est vrai qu’elle avait dit qu’elle rentrerait après avoir récupéré le petit dernier… oui. Mais c’était aussi vrai que son fourbe de petit frère avait déjà disparu à l’intérieur. Si on ajoutait à ça la donnée qu’il avait manifestement envie de rester… au moins un peu…
Faiblement, elle avait fini par suivre l’idole dans un :

« Si ça ne dérange pas, alors d’accord ! Je crois que Nobuo ne me pardonnera jamais de le kidnapper chez nous alors qu’il meurt d’envie de rester ici. »

Oui, c’était un peu trop évident même. Elle n’aurait qu’à envoyer un message à l’un de ses frères pour leur dire qu’ils rentreraient un peu plus tard. Après tout, la journée ne faisait que commencer !

« On ne rentrera pas trop tard comme ça il pourra accomplir son devoir de petit frère ! »

… d’accord, les Kotani étaient souvent ensemble quand ils ne travaillaient pas, c’est vrai. Mais ça ne leur donnait pas pour autant l’interdiction de profiter des occasions.
Passer un peu de temps ici était ceci dit loin d’être vu comme une corvée. En fait, le sourire sur les lèvres de Maiko témoignait même du contraire. Tout comme son enthousiasme à l’intérieur quand elle avait imposé :

« Mais si y’a besoin, j’veux être la première réquisitionnée pour aider à l’organisation des activités ! Un Kotani ne se tourne pas les pouces M’sieur ! »

Tu te crois à l’armée là ?