Yue  & Kô
Home is the place, when you leave, you just miss it.

Enfin. Avril. Quelques jours. Une pause. Une petite pause. Cela faisait trois mois maintenant que Yue et Erena travaillaient de leur côté pour un nouveau projet, tandis que la promotion du dernier single de B.A.G n'était même pas finie. Ecrire une chanson, l'enregistrer, la chorégraphier, tourner un clip … L'Osakan n'était pas du genre à sous-estimer le métier d'idole, mais elle n'avait pas imaginé que cela la viderait autant. Le tournage du clip avait été bouclé dans la semaine et le label leur accordait un peu de repos. Il fallait encore monter le film et régler d'autres détails qui ne relevaient pas de ses compétences de chanteuse. Une courte phase de répit donc … Jusqu'au moment où elle devrait repartir pour assurer la promotion du single.

Mais là, Yue voulait seulement profiter de ces quelques jours. Retourner chez ses parents lui semblait être le mieux. Depuis les fêtes de Noêl, la jeune fille ne les avait pas revus. Et Kimi lui manquait. Elle avait eu cinq ans en février et encore une fois … Yue n'avait pas pu être présente. Elle se détestait. Est-ce que Kimi la détestait aussi ? Elle en aurait le droit. C'était avec la boule au ventre que la nouvelle idole était rentrée au foyer familial. En voyant son père et sa mère à la maison, son cœur s'était serré en même temps que son sourire ne l'avait pas quitté. Elle était si heureuse de les voir, mais elle se rendait bien compte que chacun de ses retours était devenu un événement pour que ses deux parents prennent le temps de quitter leur travail si prenant. Elle les aimait vraiment très fort … Mais à son grand regret, elle avait pris conscience qu'elle était devenue comme eux : absente. Overbookée. Sa carrière avant tout n'est-ce pas ?
Et Kimi ? Qui s'occupait de Kimi ?
La mère de Nishikido ? Comme Yue avant elle ?
Mais ce n'était pas à cette brave femme de s'en occuper. Est-ce que, comme elle avant, Kimi peinait à savoir où se situait sa famille ? Qui était sa mère ? Son père ? Sa sœur ?
Cependant, quand l'ex-étudiante avait franchi le seuil de la porte, un cri de joie avait retenti dans la demeure et une tête brune s'était jeté dans les bras de la nouvelle arrivante dans un très très très enthousiaste « ONEEEE-CHAAAAAAAAAAAAAN !!!! ». Serrant l'enfant entre ses bras, Yue n'avait pas pu retenir une larme. Ou deux. Peut-être plus.
C'était bon de rentrer à la maison.

« Tadaima ! »

**

Le train ne devrait plus tarder à arriver. Yue espérait qu'elle ne s'était pas trompée de quai. Son père avait insisté pour l'accompagner mais elle avait refuser. Elle pouvait se débrouiller seule. Si si, c'est vrai. Elle savait lire un panneau d'affichage quand même. Ou peut-être avait-il craint qu'elle ne se fasse attaquer par une horde de fans. Heureusement, c'était l'horaire idéal. Du monde, mais pas trop. Inutile de se camoufler comme un soldat. Kô risquait de ne pas la reconnaître. Quoique.
Kô. Lui aussi, elle avait eu l'impression de seulement l'apercevoir ses derniers mois. Yue lui avait proposé de passer les fêtes ensemble, mais les colocataires du Mexicain en avaient décidé autrement. Pour des raisons qu'elle comprenait, Yue avait suivi Kô à son retour de Tokyo. Depuis, elle l'avait très peu vu. Et cette idée l'insupportait. Pourquoi l'a privait-on de voir celui qu'elle avait attendu pendant 6 ans ?
Parce qu'elle l'avait choisi ?
Yue ne sous-estimait peut-être pas le métier d'idole mais elle devait reconnaître que sa réalité n'était pas tout à fait identique à son idéal. Elle en était même beaucoup trop éloignée si Kô n'en faisait pas partie.
Ainsi, elle avait de nouveau proposé au garçon de l'accompagner dans la ville de leur enfance. Elle désirait tellement y retourner avec lui … Et cette fois-ci, très égoistement, elle espérait que ni Nao, ni Mikio, ni Gabriel, ne s'amuserait à faire une fugue. Elle avait croisé les doigts très fort toute la nuit dernière.

Un train était arrivé et la foule commença à s'en échapper rapidement. Mais cette silhouette familière, même perdue dans cette marée humaine, Yue n'aurait pu la manquer. Doucement, elle lui fit un signe de la main et accueillit son ami avec ce large sourire qui ne savait plus la quitter depuis qu'elle avait retrouver Kô.

« Okaeri, Kô. »

Oui, ils étaient chez eux à présent. L'Osakan ne pu s'empêcher de détailler le garçon de long en large comme elle le faisait toujours, comme si elle ne voulait pas perdre une miette de lui. Même si l'image était bizarre. Elle constata qu'il avait perdu sa coloration blonde. Oh ! Il ressemblait à un ange avec. Mais elle ne s'en désola pas plus que ça. Blond ou brun, Kô était Kô et il restait toujours aussi beau.
Elle en revanche, en passant machinalement la main dans ses cheveux mi-blond, mi-pêche, ne pu retenir plus longtemps une explication :

« Ah ne te méprend pas, je ne voulais pas te copier ! Mais je te trouvais tellement mignon en blond que j'ai voulu essayer … Je trouvais pas ça juste que tu sois plus adorable que moi. »

Elle rit. En vérité, elle était plus ou moins contraint de garder cette coloration pour un moment. Au moins jusqu'au début de la promotion avait demandé le label. Ca ne la gênait pas vraiment, elle avait fini par s'y faire. Elle espérait juste que Kô ne trouve pas ça trop bizarre. Mais bref.

« T'as fait bon voyage ? Prêt ? »

A retrouver sa maison. Retrouver ses parents. Rencontre sa petite-soeur. Revenir six ans en arrière.

BY .SOULMATES

Yue  & Kô
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Le sourire de Kô, c'était peut-être ce qui lui manquait le plus quand elle était loin de lui. Souvent, en ce moment. Trop. Alors quand il arriva à sa hauteur, Yue ne put que lui répondre avec le même sourire éclatant de joie à l'idée de retrouver son meilleur ami. En vérité, elle aurait pu se jeter à son cou tellement elle était heureuse. Mais ça, elle devait éviter, et trépigner sur place était toujours mieux qu'un élan d'affection qu'elle regretterait forcément - ou pas. Parce que malheureusement, la gare n'était pas à elle, et que l'attention se retrouverait vite sur eux. Et oui, rappelles-toi Yue, tu es idole maintenant. Tu te permettais certaines choses - déjà pas trop permises - quand tu étais Junior, mais aujourd'hui, c'était tout simplement prohibé. Krystal ne l'avait pas loupé la dernière fois qu'elle ... hum, oui, là aussi il était question d'enlacer Kô. Et ce dernier avait été pointé du stylo avec elle. Hors de question qu'il ait plus d'ennuis à cause de son manque de retenu.
Et puis, elle pouvait patienter un peu. Pour quelques jours, elle allait avoir Kô pour elle toute seule. Et peut-être un peu Kimi. Kimi avait très hâte de rencontrer Kô. Il faut dire que sa grande soeur lui en parlait tellement .... Quoiqu'il en soit, cette petite n'irait pas s'amuser à écrire quoique ce soit sur eux - pour la bonne raison qu'elle ne savait pas encore écrire ... ! - , alors Yue pourrait laisser sa spontanéité s'exprimer une fois à la maison.

L'Osakan étouffa un rire. Ken et Barbie ? En plus bridés alors. Et moins en couple aussi. Quoi ? Non rien, laisse, Yue. « On est plus mignon qu'eux ! » affirma la jeune idole d'un air confiant. Peut-être moins superficiels ? En tout cas, elle préférait largement Kô à Ken.  

« Oh oui ! Pardon Kô-kun ! » Une courbette plus tard, elle dut cacher sa bouche déformée par un trop grand sourire afin de paraître sincèrement désolé d'avoir offenser l'être le plus mignon de cet univers. Mais ses joues s'empourprèrent légèrement au compliment de Kô. Il était sincère ? Il n'avait pas l'air de plaisanter. Elle se plaisait à penser qu'il le pensait vraiment. « Merci, mais je ne t'arrive pas à la cheville tu sais bien. » Un petit rire, peut-être un peu gêné. Elle ramena une mèche claire derrière son oreille et tenta de se reprendre un peu. Allez, il est à peine arrivé, tu vas sourire comme une idiote pendant tout le séjour ?
Apparemment si.

« A la gare ? Dix minutes. » Elle se fit la réflexion qu'ils devaient se dépêcher de rentrer. On commençait à la reconnaître et si elle aimait beaucoup les fans, elle n'avait pas envie d'embêter Kô avec ses affaires d'idole. Et puis, elle était en vacance ! « A Osaka, je suis arrivée hier, » ajouta-t-elle en pensant bien que c'était de ça dont Kô voulait parler.

Elle hocha la tête à la dernière question du Mexicain. « Oui, mes parents nous attendent. Ils ont pris des congés spécialement pour toi haha ! » Bon, déjà, non. Elle savait bien que c'était pour être avec elle qu'ils avaient quitté leur sanctuaire, bien qu'elle ne doute pas une seconde qu'ils avaient hâte de revoir Kô. Enfin ... peut-être. Bref. Ensuite, on était pas certain que c'était très rassurant pour ton ami.
Pourquoi ? Il était stressé ? ... Pauvre Kô.
Allez, Yue savait qu'il devait appréhender, après tout, il était parti si soudainement pendant toutes ses années. Mais la jeune idole était confiante, elle était certaine que tout se passerait bien. Alors, elle tira doucement la manche de son meilleur ami pour lui intimer de la suivre. Direction : la maison.

**

Il ne leur avait pas fallu plus d'un quart d'heure pour regagner le petit quartier tranquille dans lequel Yue vivait. Et Kô aussi, avant. Ils passèrent devant ce parc où ils jouaient si souvent enfants. Le coeur de la jeune fille avait cogné sa poitrine, nostalgique et un vague sourire - peut-être celui qui ne l'avait pas quitté depuis que Kô était arrivé - avait éclaré sa face. Elle avait lancé un regard en biais à son ami, scrutant la moindre de ses réactions. Qu'est-ce qu'il pouvait bien ressentir après six ans ?

Quand elle franchi le seuil de sa porte, elle se déchaussa, après avoir invité Kô à entrer. « ReBienvenue à la maison, héhé ! » Sa déclaration n'avait pas tardé à être suivi par des petits pas rapides qui se dirigeait vers l'entré. Yue en sourit d'avance. C'est qu'elle était à l'affut la petite !

« Onee-chaaaaan ! Okaeriii ! Où il est Kô ? » avait-elle demandé avant même de l'avoir dans son champ de vision. Une petite tête brune s'était plantée devant les deux arrivants et, comme surprise de le voir, s'était immédiatement cachée derrière sa grand soeur en se rendant compte que Kô était bien là et bien réel. « Kimi-chan, je te présente Kô ! Kô, voici la chose la plus adorable sur cette Terre. Désolée, elle nous écrase littéralement ... » Yue, Gaga de sa petite soeur ? Noooon. « C'est lui ton amoureux ? » ........................... Yue abaissa son regard sur Kimi avant de le relever vers Kô et piquer un far. C'était l'âge, elle ne devait pas se formaliser. Alors, elle s'accroupit à la hauteur de la petite chose et lui caressa le haut de la tête. « Kô est mon meilleur ami, Kimi-chan. » Elle sourit. Pas Kimi. Elle, elle était un peu perdu. C'était pas Shintruc son meilleur ami ? Il était où lui d'ailleurs.

« Allez, viens, mes parents doivent être dans le salon, » lança-t-elle enfin à Kô avait un grand sourire.

Kimi s'était détachée de sa soeur pour tendre une main au garçon. Il aurait le privilège de l'accompagner, elle avait décidé. Yue sourit et se retint de rire. Elle passa une tête dans le salon et fut heureuse de trouver son père et sa mère assis à la table. « Tadaima. Colis réceptionné avec succès ! » D'accord, ça faisait deux jours qu'elle était là maintenant, mais son émotion demeurait la même en voyant sa famille au complet. Pouvoir dire qu'elle était rentré et que quelqu'un lui réponde ....

Yoko et Soichiro s'étaient levés en apercevant le garçon qui suivait Yue de près. La première avait sourit et ses yeux s'étaient illuminés comme une mère qui retrouvait son fils. Elle avait beau être très occupée, elle avait toujours beaucoup aimé ce garçon qui avait toujours tenue compagnie à son enfant. Et si elle s'était inquiétait de l'état de sa fille après son départ, elle était tout de même heureuse de le revoir aujourd'hui. Elle n'était pas là pour lui faire des reproches, si Yue lui avait pardonné, elle n'avait pas de raison de ne pas le faire.

« Kô-kun, comme je suis contente de te revoir ! Tu as tellement grandi, tu es vraiment devenu un très beau jeune-homme. »

En revanche, du côté du Papa, l'entrain n'était pas le même. Yue l'avait regardé avec une légère appréhension. Lui avait beaucoup de mal à oublié la peine de sa fille. Ce garçon s'était montré cruel envers elle et qu'on blesse son enfant était une chose qu'il ne pardonnait normalement pas. Cependant .... depuis qu'il était de retour, Yue n'avait jamais semblé aussi lumineuse. Il n'avait pas pu refuser la demande de sa fille pendant les fêtes, et s'il s'obligeait à se persuader que Kô ne lui avait pas posé un lapin à ce moment là, il n'avait pas non plus pu dire non à ce séjour là.
Il avait donc courbé la tête dans un simple :

« Bon retour parmi nous, Shirota. »

Yue sourit à ce dernier, peut-être plus soulagée qu'elle ne le pensait.

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Yue  & Kô
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A cet instant, Yue ne pouvait pas être plus heureuse. Elle avait retrouvé son meilleur ami et son foyer. Avec la musique, c'était sans doute la meilleure combinaison pour trouver le bonheur. La joie n'avait pas quitté son coeur et elle se félicitait d'avoir gagner assez rapidement la maison. Elle pouvait à présent totalement souffler et cesser de réprimer sa spontanéité, loin des regards indiscrets de l'extérieure. L'Osakan avait tendance à un peu trop l'oublier quand elle était avec Kô, mais sa condition d'idole ne lui autorisait pas à sauter au cou de son ami, ou même de se montrer trop proche de lui d'une quelconque autre manière.
Néanmoins, c'était à présent d'autres yeux qui zyeutaient les deux complices et parmi eux, la plus petite paire ne parvenait pas à détacher son regard du jeune homme. Kimi trouvait Kô vraiment beau. Elle aussi voulait un meilleur ami comme ça. Son meilleur copain actuel avait des lunettes et elle était sûre qu'il chantait faux. Comme elle n'était pas certaine que Yue veuille bien faire l'échange, elle se contenta de prendre la main du Mexicain parce qu'il avait l'air un peu nerveux. Oui, c'était perspicace ces bestioles là... C'était tout de même triste que la plus jeune soit plus éclairé que grande soeur adorée. Ah ! Nul doute que sous peu, la petite Kimi donnerait des conseils en amour à Yue.
Quoiqu'il en soit, elle s'était donné pour mission d'être son petit ange gardien pendant que la tête blonde les guidait vers le salon.

La jeune idole ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire après l'accueil de ses parents. Sa mère avait beau être souvent absente, elle avait toujours aprécié leur jeune voisin. Yue était heureuse qu'elle ne se montre pas distante avec lui à cause de soudaine disparition. Quant au père de la famille, ce dernier n'avait jamais été très très démonstratif. Il savait se montrer aimant de bien des manières, mais celle qui connaissait le mieux était l'absence. Travailler dur pour nourrir sa famille. La seconde était la surprotection totale de ses enfants contre laquelle Yue avait dû se battre pour intégrer Eita. Elle ne remercierait d'ailleurs jamais assez Ryo... Sans lui, elle n'aurait pas atteint son but.
Mais qui disait protection totale, disait aussi protection du coeur et Soichiro pouvait s'estimer très chanceux que l'ainée des Futaba soit follement tombée amoureuse de la musique et non des garçons. Cependant, Shirota Kô, du point de vue paternel, était ce qui se rapprochait le plus d'un petit ami pour sa fille, tout du moins lorsqu'il lui avait brisé le coeur en s'enfuyant à l'autre bout du monde.
Mais puisque aujourd'hui sa précieuse fille semblait rayonner de joie en l'ayant retrouvé, il allait faire un effort. Et puis, en dehors de son énorme défaut d'être un garçon, il n'avait jamais eu l'air d'un mauvais type.
Même s'il draguait un peu trop les femelles Futaba à son gout. Voilà que Kimi lui souriait autant que Yue.

« Je veux bien être ta femme plus tard si Onee-chan veut bien te prêter ! » avait alors lancé Kimi d'un air très sérieux mais enjoué tandis que Soichiro avait manqué de s'étouffer avec sa propre salive. Yoko avait rit en lançant un regard amusé à Yue qui avait sourit attendrit par sa jeune soeur. Puis elle avait mine de prendre un air couroucé en plantant ses poings sur ses hanches. « Ah ! Kô, arrête de draguer ma petite soeur ! » Sérieusement, Yue, ta soeur était plus entreprenante que toi. Remets-toi en question. « Ah... Non... sois pas jalouse Onee-chan ! » Et comme si elle avait eu peur de froisser son héroine, Kimi avait lâcher la main du garçon pour prendre celle de sa soeur.
Yue marqua un temps d'arrêt. Est-ce qu'elle était jalouse ?
Est-ce qu'elle devait l'être de Kimi ? Vraiment ?
Non bien sûr. Mais elle s'était découvert il y a quelques mois un côté possessif qu'elle ne se connaissait pas... Qu'est-ce qu'elle dirait si elle rencontrait une superbe espagnole et qu'elle apprenait que Kô l'avait fréquenté ?
Elle n'eut pas vraiment le temps de se pencher sur la question, ni de répondre à sa petite soeur car Papa avait pris la parole après s'être éclairci la gorge.

« Et donc, Shirota, tu es parti en Europe, c'est bien ça ? »

Parce qu'on ne s'adressait pas à elle, Yue hocha tout de même la tête en se retenant de rajouter qu'il était devenue Mexicain entre temps. Mais elle préféra laisser répondre son ami. Elle trouvait ça bien que ces deux-là discutent... Au fond, ils avaient l'air aussi nerveux l'un que l'autre.

Au bout d'un moment, Yue joignit ses mains pour changer de sujet. « Bien, on va monter poser les affaires de Kô pour qu'il s'installe tranquillement et j'vais préparer le matelas dans ma chambre, comme ça, ça sera fait ! » Signala-t-elle avec enthousiasme. « Dans ta chambre ? » Enthousiasme visiblement pas partager par son père. Yue le gratiffia d'une moue surprise et un peu déconcertée. « Bah oui, Kô ne va pas dormir dans le salon.. »

« Mais Kô ne va pas dormir dans ta chambre ! 
- Hé ? Mais pourquoi ? »

Père et fille semblaient aussi scandalisé l'un que l'autre. Yue avait l'impression d'avoir douze ans et pourtant, elle n'avait jamais été capricieuse. Kô avait toujours dormi dans sa chambre depuis qu'ils se connaissaient, et si Papa était rarement à la maison, il n'avait jamais rien dit jusqu'à aujourd'hui. Sa protestation semblait venir d'une autre planète ! Surtout qu'elle n'avait aucune envie de dormir dans des chambres séparés avec son ami... Elle rêvait de ce moment depuis si longtemps et savait que ce petit détail - qui n'en était pas un, ni pour elle, ni pour Soichiro - pourrait bien gâcher ce séjour qu'elle avait tant attendu.

Une main s'était alors posé avec douceur sur l'épaule de la jeune idole. Maman Futaba avait doucement sourit à sa fille en réprimant un air un peu gêné pour expliquer à l'ainée :

« Il vaut mieux que Kô-kun dorme dans la chambre à ta soeur, Yue-chan. Kimi-chan dormira avec nous.
- Hé ? Mais je veux dormir avec Onee-chan et Kô moi ! »

Tiens, il était vrai que Kimi dormait toujours avec Yue quand celle-ci passait un moment à la maison. La protestation de l'enfant était tout aussi justifiée que la sienne.
Gonflant un peu les joues, Yue ne souhaitait néanmoins pas faire une scène devant son ami, alors dans un petite soupire, elle finit par hocher la tête. « D'accord... » Son regard se tourna vers Kô et lui fit un petit signe de la tête. « Viens, je vais te montrer. » Kô connaissait suffisamment bien la maison sans qu'elle n'ai besoin de le guider, et elle le savait assez intelligent pour deviner que la chambre d'ami était devenu celle de Kimi. Mais dans le principe, il fallait bien qu'elle introduise cette nouvelle pièce. Se dirigeant vers l'étage, l'osakan songeait tout de même qu'elle n'avait pas dit son dernier mot. Cette chambre était beaucoup trop loin de la sienne !

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Yue  & Kô
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Si Kimi était plutôt contente de la réponse de son nouveau Nii-chan, on était pas vraiment sûr que le père Futaba soit du même avis. Mais Soichiro ne fit aucune remarque et se montra d'avantage curieux sur le pays d'accueil du jeune Kô.
S'il était toujours un peu froissé que ce garçon ait abandonné sa fille, il trouvait qu'effectuait ses études à l'étranger était toujours enrichissant. Même s'il eut un doute sur la pertinence de faire des études de journalisme dans un pays comme le Mexique... Plissant légèrement les yeux d'un air perplexe, il s'apprêta à enchainer quand sa femme intervint, volant à la rescousse de celui qu'elle avait toujours voulu pour gendre dans un futur encore éloigné. Et elle ne souhaitait pas que son mari soit la cause d'une nouvelle fuite à l'autre bout du monde !

« Tu dois vraiment bien parler espagnol alors ! » Oui. Cette Futaba là savait qu'on parlait espagnol en Espagne. C'est dingue. Et on était prêt à parier qu'elle savait que le Portugal était le pays voisins mais qu'il ne partageait pas la même langue ! « Tu dois tous les impressionner ! » s'extasia-t-elle en joignant ses mains très enthousiaste. Elle hocha la tête, ne doutant pas que le monde hispanique regorgeait de merveille. « L'important c'est que ça t'ais plu. » Elle lui sourit avec bienveillance, heureuse de trouver de nouvelles qualité à ce jeune homme. Elle le trouvait aussi très courageux... Ce n'était pas évident de vivre si longtemps à l'étranger. Elle était certaine que Yue en serait incapable. Bon... Peut-être qu'elle ne la laisserait tout simplement pas partir. Tokyo, c'était déjà loin.

« Mais le Japon a dû te manquer si tu es revenu, finalement, » avait souligné Soichiro à la surprise de Yoko et Yue. Cette dernière ne connaissait toujours pas les raisons de ce soudain retour d'ailleurs. Kô avait fait des mystères dès leur retrouvailles et elle n'avait pas reposer la question depuis. Elle avait supposé qu'il avait souhaité reprendre la musique, sinon il ne se serait pas inscrit à Eita, n'est-ce pas ? Il n'avait non plus oublié leur promesse, il lui avait dit.
Du côté Papa, il ne savait s'il voulait entendre que la raison était sa fille. Il était peut-être un peu obnubilé... un peu.

Finalement, après une altercation singulière entre le père et la fille, Yue avait fini par s'éclipser avec Kô à l'étage afin de préparer sa chambre. Encore un peu contrariée, elle fut surprise par la main du Mexicain qui ébouriffa ses cheveux et en guise de réponse très mature, elle lui tira la langue. « Ils crieraient à l'injustice, comme moi ! » Non. Ils se scandaliseraient que leur idole veuille dormir avec un garçon. Et tu serais obligé de te raser la tête. Mais c'était beau … l'optimisme ?
Un sourire taquin remplaça cependant sa moue outrée et elle se retint de rire pour répondre : « Tu as raison, je suis démasquée : je voulais te prendre en photo pendant que tu baves ! » Elle l'aurait publié sur instagram avec la légende « beau et adorable » comme Kô y tenait si fort.

Le garçon lui adressa des mots rassurants qui la détendirent d'avantage et très vite la plus jeune retrouva son doux sourire. Que son père les autorise ou non à dormir ensemble, Yue comptait bien profiter de chaque seconde avec son ami. Elle rit légèrement quand Kô évoqua de possible négociations avec son paternel. « On se rebellera de toute façon ! Même qu'on sera encore debout après minuit ! » Grosses racailles. Yue tu files du mauvais coton... Bon, comme elle ne voulait pas tomber dans la décadence, elle promettait qu'elle serait coucher avant 1h du matin. Dieu l'a pardonnerait !

L'Osakan hocha la tête et lui fit signe de le suivre. La chambre de Kimi était la première porte qu'il croisait en haut des escaliers. L'ancienne chambre d'ami... celle que Kô n'avait jamais utilisé puisqu'il avait toujours pu dormir dans la chambre de Yue. Pour des raisons qu'elle n'expliquait pas, son père avait décidé de chambouler ses plans.

« Pas de cactus ou de tortillas en plastique, désolée... mais si tu aimes les licornes, tu vas trouver ton bonheur ! Les licorne, c'est un peu comme les ânes de toute façon. » Les ânes ? Bah oui, les Mexicains ça se déplaçaient pas sur des ânes en poncho ? Oui ? Non ?

Ouvre la porte et tais-toi, par pitié. Elle s'exécuta, faisant découvrir le petit monde un peu rose de sa jeune sœur. Oh oui, Kô allait adorer, c'était certain. « Si le rose t'agresse trop les yeux... tu pourras toujours me rejoindre dans la nuit, je ne le diras pas à Papa, promis ! » Elle plaça son doigt sur sa bouche pour joindre le geste à la parole. Yue savait tenir les secrets. Bon, elle tenait surtout à la vie de Kô.... mais pour être honnête, elle espérait bien contourner la consigne de son père.
Yue l'invita à poser ses affaires dans la chambre et lui présenta le petit lit de Kimi avec un grand sourire : « Vraiment, tu vas être bien là dessus ! » Cette couverture violette imprimé licorne lui allait très bien au teint. Non, Yue ne faisait pas vraiment pression à Kô pour qu'il songe que la chambre de son amie était une meilleure option.

La jeune fille se laissa tomber dessus en soupirant. Ses yeux se posèrent un moment sur son ami et un petit sourire béat s'installa malgré elle sur le visage. C'était étrange de voir Kô ici. Dans sa maison. Étrange, mais pas déplaisant. Pas mal de choses avaient changer... mais l'essentiel restait immuable. « Il y a quelques mois encore, j'aurais eu du mal à croire à cette vision... Même l'imaginer en fait. » Une petite moue triste qu'elle avait vite soignée. Avant que Kô ne redébarque dans sa vie, tous semblaient l'abandonner et elle n'imaginait plus qu'un jour comme celui-ci se produise.
Secouant la tête, elle reprit avec un ton plus enthousiaste :

« Tu veux qu'on aille se balader un peu ? Maman a cuisiné pour ce soir, mais demain, on pourra manger où tu le souhaites ! »

Redécouvrir le quartier de leur enfance, manger aux restaurants... ils avaient tant à faire.  

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Yue  & Kô
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Se coucher plus tôt ? Yue lança un regard scandalisé à Kô. Pas moyen qu'elle se couche plus tôt alors que son meilleur ami était de retour chez elle pour la première fois depuis six ans ! Elle avait dit qu'elle se rebellerait et elle n'était du genre à proférer des paroles en l'air. « C'est mal me connaître, jeune impudent ! » Est-ce qu'elle connaissait la signification de ce mot ? … Est-ce qu'on pouvait arrêter de la prendre pour une crétine 3 minutes ? On vous l'accorde, ce n'était pas évident. « J'suis une rebelle, une vraie ! » Tellement qu'elle aurait pu jouer dans Star Wars ou Hunger games. D'accord, ne t'emportes pas... Tu vas lui faire peur à ton Kô.
Bon, en dehors de sa crédibilité douteuse, la vérité était que Yue n'était pas très regardante sur l'heure à laquelle elle se couchait. Depuis qu'elle était passé idole, elle dormait aussitôt qu'elle le pouvait. Les entraînements, les émissions, les tournées... C'était épuisant et depuis son incident, elle évitait de repousser Morphée quand il l'appelait. Ici, elle n'avait pas de raison de tenir éveillée très tard et s'endormait en général en même temps que sa jeune sœur. Mais ses parents ne lui avaient jamais imposé de couvre-feu... De toute façon, ils auraient rarement été là pour vérifier.

Face à la question de Kô, Yue le dévisagea un instant. Quoi « pourquoi des ânes » ? Y'avait pas d'âne au Mexique ? Est-ce que sa vie était à nouveau basée sur des mensonges ? Gonflant les joues, contrariée, l'Osakan ne lui fit pas part de son interrogation, certaine que Kô en profiterait pour se moquer d'elle encore une fois. C'était pas de sa faute si tous les mexicains étaient représenté comme ça ! Avec un sombrero, une moustache, un poncho, un âne et un cactus ! Même Google était d'accord avec elle. « Pour rien. » dit-elle simplement, un peu déçue. Elle haussa finalement les épaules avant de faire découvrir la chambre à Kô.

Tant mieux si le garçon n'était pas passionné par les jouets de sa petite sœur. Bon, déjà parce que ça serait bizarre, mais surtout parce que ça lui faisait un argument de plus pour que Kô la rejoigne plus tard dans sa chambre. Non, elle n'avait pas laissé tomber l'idée. Dormir dans des chambres séparées l'embêtait vraiment ! C'était trop injuste pour que là encore, elle ne se rebelle pas.
Elle haussa les sourcils et retint un sourire amusé. Son père ? Tuer Kô ? D'accord, il était peut-être un peu excessif, mais quand même. Il n'avait pas de raison d'en venir là... Et puis elle ne voyait toujours pas en quoi c'était un crime que Kô passe la nuit dans sa chambre.
Penchant sa tête sur le côté avec un sourire trop espiègle pour être totalement bienveillant, Yue ne s'en empêcher : « T'as peur ? » Kô était un garçon courageux pourtant... non ? « Allez, t'en fais pas ! Si ça arrive, je te protégerais ! » Elle exposa ses petits bras comme si elle voulait lui montrer ses muscles. Bon, comme ça, ce n'était pas très convainquant, mais au pire, elle cacherait Kô sous son lit. Ah... Un certain couple lui aurait plutôt soufflé le placard, malheureusement Yue n'avait pas entendu ce murmure provenant de Tokyo.
Elle rit un peu avant de se laisser tomber sur le lit, testant le matelas clairement fait pour une petite fille de 5 ans et non pour une jeune homme de 20 ans. C'était scandaleux ! Comment ses parents osaient-ils le recevoir aussi mal ? Voulaient-ils lui faire payer ses années d'absence ? C'était tellement cruel... elle devait réparer cette injustice !

« Non, je suis mieux dans mon lit... et Kimi-chan aussi d'ailleurs. »

Non, ce n'était une autre tentative pour convaincre Kô que le matelas de leur enfance était une meilleure option. Franchement Yue, si t'as vraiment envie que Kô dorme dans ta chambre, retourne voir ton père et discute avec lui au lieu de pousser le Mexicain à la fraude !
Sans trop savoir pourquoi, la jeune idole était devenue sentimentale. Revoir Kô ici, ça la chamboulait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre. Elle sourit et étouffa un petit rire à la réponse de Kô. Non, elle non plus n'aurait jamais imaginer le voir dans la chambre de sa sœur. Pour la bonne raison que Kimi était née quand il était déjà loin. « Baka, » souffla-t-elle amusée.
A la main qui effleura sa joue, Yue ne réagit pas tout de suite, trouvant seulement la caresse agréable. A vrai dire, les mots de Kô occupèrent d'avantage son attention et elle sentit son cœur se serrer un peu. Ses yeux qui s'étaient fixé sans qu'elle s'en rende compte, sur le matelas, était remontés trouver le regard de son ami. Un petit sourire éclaira sa figure. « Tu es rentré, c'est le plus important. » Mieux valait tard que jamais, elle se pensait sincèrement. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher d'approuver... Combien de fois avait-elle espéré trouver Kô en rentrant à Osaka ? Combien de fois avait-elle espéré qu'il tape à sa porte comme si de rien n'était pour venir la chercher ?
Mais il n'avait jamais taper. Comme elle ne l'avait jamais recroiser dans le quartier... Jusqu'à ce jour dans les couloirs d'Eita. Elle n'en voulait plus à Kô... Malgré tout, et même si elle ne voulait pas imaginer, elle avait dû mal à chasser cette question : combien de temps Kô aurait-il pris pour la contacter si elle ne l'avait pas interpellé cette fois-là ?

Ne voulant pas retombé dans l'angoisse de ces années là, Yue avait changé de sujet et la remarque de son meilleur ami lui fit marquer une pause. Un peu tardivement, ses joues s'empourprèrent... Son père se méprendrait peut-être.. Mais elle n'avait pas pensé à mal. Et Kô non plus, elle en était certaine ! En y réfléchissant un peu, l'Osakan devait bien admettre que ce n'était pas le genre de geste qu'ils avaient entre eux en temps normal... Pour autant, la tendresse de Kô ne lui déplaisait pas. Est-ce que c'était mal ?
Le Mexicain devait peut-être le penser pour craindre le réaction de son père. Ou pas, elle ne savait pas vraiment... elle était un peu embrouillée, alors elle essaya de se recentrer sur la voix du garçon.

« Vendu ! » Le restaurant lui plaisait et les takoyakis lui faisaient envie. Elle avait beau revenir ici plus souvent que Kô, elle n'allait pas vraiment au restaurant toute seule. Ca serait donc l'occasion pour elle aussi.
Elle l'avait donc suivi à l’extérieur en prenant soin d'avertir ses parents.

« Rien n'a bougé depuis... Tant mieux, ça aurait été triste sinon ! »

La maison n'avait pas besoin d'être retapé ou repeinte. Quant au quartier, elle n'avait pas constaté de changement majeur même si elle ne saurait l'affirmer.
A l'évocation de son ancienne nounou, Yue tourna la tête vers l'étudiant. Puis vers la maison qui abritait depuis des années les Nishikido. Hochant vigoureusement la tête, Yue répondit :

« Oh oui, je la vois souvent quand je reviens à la maison ! Elle m'offre le thé de temps en temps, elle est toujours aussi gentille. » Cette femme, c'était un peu sa deuxième mère. Durant son enfance, elle l'avait sans doute plus vu que ses parents. « Elle garde aussi Kimi-chan quand les parents travaillent. » C'est à dire, souvent. « On pourra aller la voir si tu veux, je suis certaine qu'elle sera ravie de te revoir ! »

Comme Kô venait de le faire, Nishikido-san demandait souvent des nouvelles du garçons auparavant. Avant qu'elle ne comprenne que cela perturbait beaucoup trop la jeune fille de ne jamais savoir quoi lui dire.
D'un sourire, Yue invita Kô à la suivre. Enfin, elle n'avait pas d'endroit précis en tête... Elle voulait juste marcher dans le quartier où ils avaient grandis tous les deux. Elle aimait toujours autant cet endroit. Plus que Tokyo, même si sa vie était désormais là-bas. Mais sa ville natale lui manquait souvent terriblement, et si elle n'était pas aussi accroché à son rêve, Yue serait probablement rentré bien plus tôt.

« On passe par le parc ? »

A deux maisons de la leur, là où ils avaient connu leurs premiers jeux. Si ce parc venait à disparaître, Yue en serait probablement dévastée.   

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La jeune idole secoua doucement la tête de droite à gauche. Heureusement que Nishikido-san n'avait pas raccroché son tablier de babysitter. Les Futaba auraient été bien embêtés s'ils avaient été abandonné par cette femme qui avait pratiquement élevé leur enfants à leur place. C'était à la fois une chance... et une triste chose. Pour autant, Yue n'en avait jamais voulu à ses parents, où jamais trop longtemps... Elle avait rapidement compris que leur absence avait pour but de lui offrir ce qu'il y avait de mieux pour elle. Et maintenant aussi pour sa petite soeur.
Et puis, les Nishikido étaient des gens biens. Yue n'avait jamais manqué d'affection là-bas. Ils en avaient tant à revendre que Kô avait aussi pu en profiter enfant.
Ca n'avait pas toujours été facile, mais l'Osakan refusait de se plaindre de son enfance. Si elle avait eu le choix de recommencer, elle n'aurait probablement rien changé : si ses parents ne travaillaient autant, ils n'auraient jamais pu lui payer ses études à Eita. Et si elle n'avait pas été aussi proche des Nishikido, alors Ryo n'aurait jamais pu l'aider à convaincre ses parents d'accepter son inscription là-bas.
Il n'y avait rien à changer. Son enfance avait été heureuse dans l'ensemble, peut-être un peu seule... mais jamais totalement. Parce que Kô était là.

Elle sourit doucement avant de hocher la tête en contredisant son mouvement de tête précédent. « Ca lui fera plaisir ! Tu as dû lui manquer aussi. » Peut-être pas autant qu'à elle, mais Nishikido-san ne pouvait pas avoir oublier Kô, même après que Yue ait cessé de lui en parler.

En arrivant dans le parc, Yue n'arriva pas à réprimer un large sourire. Elle l'aimait beaucoup cet endroit. C'était le petit parc du quartier, où se retrouvaient les enfants, où ils pouvaient y rester en toute sécurité et courir à la maison avant que la nuit ne tombe. Même en grandissant, Kô et Yue n'avaient jamais abandonné cet endroit. Même aujourd'hui.
Comme une enfant, la jeune fille grimpa sur un rebord en pierre pour marcher tout du long en équilibre, tournant sa tête vers Kô qui avait mentionné sa mère. Elle se stabilisa et marqua une pause. « Oh ? » Venant de la mère de Kô, ça lui faisait plaisir. Elle n'avait jamais eu l'air trop porté sur leur passion commune... Alors c'était plutôt gratifiant. Un sourire timide orna ses lèvres et ses joues rosirent légèrement. « C'est gentil, merci à elle. »
Mais la suite la surprit d'avantage. Passer les vacances à Barcelone ? Le coeur de Yue s'accéléra. La ville où Kô avait fait ses études... La ville où Kô était parti quand il avait quitté Osaka. Un sourire qu'elle voulait malicieux traversa son visage. « Tu m'invites ? » Oui, idiote, ne pose pas la question. C'était peut-être pour cacher son expression un peu trop heureuse... et aussi un peu gênée. Parce que ça l'emballait beaucoup trop de savoir ce que Kô avait fait loin du Japon. Elle avait peut-être l'impression qu'allait là-bas lui permettrait de rattraper les six années passées loin de lui. « Je suis sûre que c'est géniale là-bas... Et je serais contente de revoir ta maman aussi ! J'espère qu'elle va bien ? » Yue sauta du rebord et contre toute attente, elle ne tomba pas ! C'est qu'elle avait gagné en agilité depuis sa promotion.
Non, c'est faux, c'était un coup de chance.

Pour continuer dans sa phase gamine, la jeune idole avait trouvé la balançoire sur laquelle elle s'était assise. Son regard s'était cependant très vite reposé sur Kô. « J'ai très envie d'aller à Barcelone avec toi, » conclut-elle sans que ses joues n'aient repris une couleur normale. Elle se balança doucement avant d'ajouter : « Tu me montreras ton lycée ? Et la mer bien sûr ! » Combien de fois était-elle allé à la mer dans sa vie ? Très peu.... Comment aurait-elle pu sans personne pour l'y amener ? « Et si il y a un aquarium je veux le voir ! » Quoi ? Yue voulait voir des poissons... Mais il y avait un aquarium à Osaka aussi... Pas besoin d'aller à Barcelone... Peu importe, elle voulait le voir !

Elle rit doucement avant que la réalité ne la rattrape. Elle était idole maintenant. Comment pouvait-elle espérer s'échapper en Europe avec son emploi du temps ? D'accord, elle avait eu quelques vacances... mais ça ne durerait pas. Surtout avec les projets qu'ils avaient pour elle et Erena. Elle en était heureuse de cette nouvelle aventure... mais ses pieds freinèrent son balancement et son regard retomba au sol. Elle était heureuse d'être idole... Mais elle voulait être avec Kô. Ses poings se serrèrent autour des chaînes qui retenaient la balançoire... Avant qu'elle ne se rende compte qu'elle avait marqué un silence trop long.
Elle releva subitement la tête et tenta de retrouver une tête acceptable en espérant que son trouble ne s'était pas vu trop longtemps.
Elle trouverait un moyen, peu importe, elle fuguerait s'il le fallait !

« Tu verras, je te montrerais mes progrès en espagnol, tu seras muy impressionado ! »

Non, vous ne rêvez pas. Elle l'avait fait. Elle ne s'était pas trompée. Que l'on sorte le champagne et les feux d'artifices, et surtout un défibrillateur... Kô risquait d'avoir une attaque.

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Oh, ce n'était pas une question de payer ses billets ou non. Même si la mère de Kô en avait les moyens, Yue avait un salaire acceptable pour une nouvelle idole et même avant, elle n'avait jamais manqué de rien. Alors prendre des billets d'avion pour l'Europe, aucune barrière financière ne l'en empêchait. A vrai dire, une fois libérée de l'emprise de ses parents, Yue aurait très bien pu prendre le premier avion pour l'Espagne à partir de Narita... Mais bien sûr, beaucoup de choses la retenait. A commencer par ses études et son objectif. Mais surtout, l'incertitude de retrouver Kô. A cette époque où il avait coupé les ponts, elle aurait été incapable de le rejoindre, persuadée au fond d'elle qui ne souhaitait plus lui parler.
Aujourd'hui qu'elle en avait la possibilité, elle voulait saisir cette chance à deux mains. Peu importe son emploi du temps, elle s'arrangerait d'une manière ou d'une autre, et c'était peut-être naïf de sa part, mais dans sa tête, elle était déjà parti.
Yue voulait absolument voir ce pays dans lequel son meilleur ami avait fugué. C'était la chance de saisir un morceau de la vie de Kô qui lui avait échappé. Voir les amis qu'il avait pu se faire, les lieux où il avait étudié ou ceux où il aimait simplement se promener, la maison qui l'avait abrité... Une partie de lui qu'elle ne connaissait pas.
Une chance pour elle d'effacer la frustration collée à son coeur, donc. C'était peut-être étrange et inattendu de la part de l'Osakan, sans doute qu'elle-même ne le réalisait pas complètement, mais pour elle qui avait toujours tout connu de son meilleur ami d'enfance, c'était si étrangement insupportable de lui ôter une partie de sa vie. Elle voulait rattraper ça, combler le vide, se rassurer, comprendre... Elle irait à Barcelone, c'était certain.

« Oh ? Vraiment ? New-York ? Wow ! Mais c'est génial ! »

La mère de Kô avait vraiment de la chance. Quoique.. Est-ce que ça l'était vraiment lorsqu'on devait bouleverser sa vie aussi souvent ? Yue imaginait que ça dépendait des gens. Quoiqu'il en soit, si elle se réjouissait pour la mère de Kô, si ce dernier avait toujours été avec elle, la jeune idole aurait sans doute réagi autrement. Plutôt que New York, elle aurait préféré que le Mexicain lui annonce qu'elle avait une offre pour Osaka. C'était peut-être moins impressionnant, mais Yue aurait tout fait pour qu'elle accepte et lui ramène son meilleur ami.
Encore une fois, elle avait des pensées un peu égoïstes, ce qui la chagrinait un peu. Elle perdait un peu la notion de raison lorsqu'il s'agissait de lui. Il avait toujours été un peu tout pour elle. Beaucoup de choses avaient fait qu'ils s'étaient très vite rapproché l'un l'autre, à commencé par l'absence commune de leur parent. A partir de là, ils avaient été allié contre la solitude et l'ennuie.

Un large sourire éclaira son visage tandis que Kô lui promettait de l'emmener où elle souhaitait. Elle hocha vivement la tête, de plus en plus enthousiaste à la perspective de voyager avec lui. « J'imagine ! » Un autre monde, c'était certain. Elle qui n'était jamais sorti du Japon. Depuis sa promotion et le succès du groupe, ce n'était peut-être plus qu'une question de temps. Mais elle avait rêvé de sa première fois avec Kô. « Je veux tout voir et tout savoir sur ta vie là-bas. » Stalkeuse ? Pas du tout. Mais c'était injuste... Kô avait pu la suivre à distance tandis qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait fait en Espagne ou au Mexique. A part ses études... ce qui restait vague. Au final, elle croyait tout savoir de Kô au point de deviner ses réactions, elle n'était plus certaine de le connaître aussi bien.. Trop de choses lui échappaient.

A exclamation du garçon, Yue fut d'abord surprise au point de sursauter légèrement. Quoi ? Est-ce qu'elle avait quelque chose de mal pour que Kô ait l'air aussi choqué ? Est-ce qu'elle s'était encore trompé .... ?
Mais alors les bras de Kô l'entourèrent et en se sentant quitter le sol et la balançoire, l'idole lâcha un petit cris de surprise et posa instinctivement ses mains sur les épaules de son ami afin de ne pas tomber. Tandis qu'elle la faisait tourner, elle eut un petit rire à la fois amusée et gênée. Une fois à terre, elle ne se détacha pas tout de suite de lui, hésitant un instant sur comment elle devait prendre ses félicitations.
Au final, elle finit par lui faire une grimace en lui tapant gentiment le bras.

« Eh ! C'est quand même pas de ma faute si l'italien et l'espagnol se ressemblent autant ! » Si. Un peu. Mais rassure toi, Kô était aussi bête que toi. « Mais j'ai compris mon erreur, et je l'ai corrigée, » rajouta-t-elle, un peu trop fièrement. Relevant un peu le menton, elle osa annoncer : « Bientôt, je serais bilingue ! »

C'était trop d’émotion pour Kô d'un coup. Ne va nous le tuer. Et puis, pourquoi faire ça ? Ce n'était pas comme si elle comptait vivre en Espagne ou au Mexique, et Kô était de retour au Japon. Il n'avait plus besoin que de parler en japonnais et il savait déjà que tu étais idiote Yue, il était inutile de t'efforcer à lui prouver le contraire.
Il y avait tellement de raisons stupides pour lesquelles elle voulait parler cette langue... Faire plaisir à Kô, l'impressionner... Etre sûr de pouvoir le suivre s'il repartait ?

« Je devrais peut-être écouter plus de chanson en espagnol... » songea-t-elle à haute voix en posant un doigt sur son menton. Ce qui n'était pas si idiot que ça... aujourd'hui, si elle comprenait bien l'anglais et quelques brides de coréen, c'était grâce à la musique.

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Un sourire avait fendu les lèvres de Yue. Oui, elle voulait tout connaître, elle voulait tout savoir de cette vie qu'avait menée Kô à Barcelone. Elle avait hâte de rattraper toutes ses années loin de lui... Elle avait...
La vérité, c'est qu'elle aurait aimé être avec lui. S'imaginer ces années lycées, rencontrer ses amis... Oui, Yue en avait envie. Mais tout n'aurait pas été encore mieux si elle avait vraiment partagé tout ça avec son ami ? S'ils ne s'étaient jamais quittés ?
Où est-ce qu'ils en seraient aujourd'hui ? Quelles études Yue aurait choisi en Espagne ? Puis au Mexique ? Quel genre de personne aurait-elle pu rencontrer ? Elle se serait fait des amis aussi, sans aucun doute... et les garçons ? Est-ce qu'elle regardait vraiment d'autres garçons quand Kô était près d'elle ?
Et aujourd'hui ? Est-ce qu'ils seraient de retour au Japon ? Inscrit à Eita pour poursuivre leur rêve de gosse ? Yue ne serait sûrement pas idole à l'heure qu'il est... Mais elle sacrifierait son statut sans la moindre hésitation si elle pouvait tout recommencer avec Kô.

Aujourd'hui, c'était une chance pour elle de se retrouver dans les bras de son meilleur ami. Une chance parce qu'elle avait enfin réussi à dire quelque chose de correct en espagnol. Au bout de 8 mois. C'était beau.
Derrière son sourire se mêlait fierté, amusement et vexation que Kô ne la croit pas capable d'y arrive ! Huit mois, Yue... Huit mois.

« Quoi ? Umberto Tozzi est pas Italien ? .... Zut... Tu vois que tout se ressemble ! »

Pleurons mes chers amis. Pleurons.
Yue s'était vite remise de ce mensonge qu'était sa vie avant de sourire de plus belle quand Kô lui proposait de chanter avec elle. Elle était bête... Kô était le meilleur professeur pour lui apprendre et elle ne l'envisageait que maintenant !
Bon, faut dire qu'elle avait voulu l'impressionner dès le départ. Manqué.

« Je connais déjà toutes les chansons des pubs pour les Fajitas par coeur ! » lança-t-elle avec un peu trop de fierté. Pitié Yue, épargne nous.... Elle n'en visiblement pas l'intention tandis qu'elle se détachait de Kô pour se trémousser sur l'air suivant : « Bailalalala la lambaaaa se nessessitaaaa la poka de graciaaaaaa ♪ » ... Bon. C'était très approximatif. On réinventait carrément une autre langue. Mais le rythme était là et Yue avait le mérite d'être motivée et volontaire... c'était déjà bien non ?

La jeune idole suivit son ami du regard et le rejoignit sur l'autre balançoire comme elle l'avait fait précédemment. Elle lui sourit doucement en secouant lentement sa tête de droite à gauche pour lui signifier qu'elle ne lui en voulait pas. « T'en fais pas, c'est normal que tu te sois inquiété pour eux. » Elle aurait fait pareil si Maiko ou Haruto l'avait appelé. Même Erena. C'était des personnes qui comptaient beaucoup pour elle, comme Naoki et Mikio comptaient pour Kô. « Je suis contente que tu aies trouvé des amis aussi importants. » Kô avait dû se sentir perdu à son retour au Japon. Seul, dans l'immense Tokyo... Ce n'avait pas été évident pour elle, alors elle imaginait que ça n'avait pas dû l'être pour lui non plus. Sans compter le changement d'ambiance radical. Mais Kô était doué pour se faire des amis... Il avait ce quelque chose qui le rendait impossible à détester. Alors, elle ne s'en faisait pas trop pour lui.
Elle étouffa un rire face à la décision du garçon. « Très bien, je n'aurais pas besoin de kidnapper comme ça ! » S'il fallait qu'elle l'attache, elle le ferait.

Relevant les yeux vers le ciel, l'Osakan se balança légèrement en réfléchissant. « Hum... Deux heures, peut-être un peu plus si on joue les rebelles ! » Son regard dériva sur Kô et elle rit. « Tu veux passer par un autre endroit ? » Tout lui convenait. Parce que tout ce quartier était leur terrain de jeu. Leur univers. Ca l'amusait et l'attristait à la fois de se rendre compte que ce parc n'était pas si grand que ça... Pourtant, gamine, ça lui paraissait être un vaste monde inconnu qu'elle devait explorer avec son meilleur ami.

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Qu'est-ce qu'ils avaient l'air idiots à se trémousser sur un air de pub pour Fajitas. Dans un jardin d'enfant en plus. La scène avait de quoi préoccuper, et si Yue n'était pas connue dans le coin – voire dans le Japon entier à présent – on aurait probablement téléphoné à un hopital psychiatrique...
Mais sincèrement ? Yue s'en foutait. Elle s'en moquait si fort qu'elle avait redoublé d'effort pour mieux chanter la langue de Kô, entre deux éclats de rire. Ils avaient peut-être l'air de deux idiots, mais cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas été aussi bêtes... Et ça lui avait beaucoup trop manqué pour que la jeune idole se soucie de son image sur le moment. Elle était beaucoup trop heureuse et les battements euphoriques de son cœur l'empêchait d'entendre sa raison.

Heureusement, ils avaient fini par se calmer. Ils étaient toujours deux idiots sur des balançoires, mais leur conversation avait retrouvé un peu de sérieux. Posant sa joue au creux d'une main, l'Osakan fixa un regard attentif sur le Mexicain, non sans un sourire flottant au coin des lèvres. Son cœur battait chaudement tandis qu'elle l'écoutait parler de ses deux colocataires. Mikio et Naoki étaient un peu... spéciaux, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de les apprécier. D'accord, elle ne se remettait toujours pas de l’accueil qui leur avait fait ce jour là, mais elle ne pouvait ignorer leur gentillesse. Notamment lors du bal. Alors oui, elle pouvait parfaitement comprendre que Kô s'entende bien avec eux. « Je vois... Ca me fait plaisir. » Vraiment. Peut-être un peu trop. Parce que ça faisait une attache de plus à Kô au Japon. Parce qu'il y réfléchirait un peu plus avant de repartir au Mexique.... Yue avait peut-être souri, mais une vive douleur lui rappela qu'elle s'était éventuellement mordu l’intérieure de la joue trop fort. Elle devait arrêter de penser que Kô pouvait s'en aller à tout moment. Elle devait arrêter d'avoir peur de le perdre constamment... Elle devait lui faire confiance. Elle devait …. Mais le voir dans ce parc lui avait d'avantage serré le cœur, lui rappelant sans pitié les années qu'ils avaient brusquement perdu ensemble. Plus jamais... Kô ne devait plus jamais s'en aller loin d'elle...

Et son cœur avait loupé un battement. Juste à elle. Kô était juste à elle. Yue le considéra un instant, avec des yeux plus ronds qu'elle ne l'aurait voulu. D'accord. Ca aussi, ça lui plaisait un peu trop. Et ça la perturba. Kô était son meilleur ami... Elle avait toujours tenu à lui plus qu'à personne. Il était celui qui avait brisé son quotidien de solitude, celui qui lui donnait envie de sourire encore plus fort chaque jour, celui avec qui elle partageait le plus sa passion... Kô était tout pour elle. Et l'avoir laissé s'échapper une fois avait été la pire douleur ressentie dans toute sa vie...
Alors oui... etait-ce si déraisonnable que ça de le vouloir que pour elle ?

Malgré elle, la jeune idole avait seulement hoché la tête, peut-être un peu trop timidement, avant de se concentrer sur la nouvelle question de son ami. Combien de temps il leur restait, Yue n'aurait su le dire exactement. Ils n'étaient plus enfant et s'ils savaient qu'il était préférable d'être raisonnable s'ils voulaient manger tous ensemble, ils étaient aussi parfaitement libre de rester dehors jusqu'à la tombée de la nuit. Non ça ne plairait pas trop à son père, mais elle n'avait plus l'âge d'être privée de sortie. Cependant, les parents Futaba avaient raison d'être confiants... Si Yue en jouait beaucoup avec Kô, ils pouvaient être certains que leur fille et son amie rentreraient ce soir. Et à l'heure pour le dîner.

Yue ne pu retenir un éclat de rire au souvenir de ce gâteau qui avait mal tourné. « C'est parce que tu ne voulais jamais m'écouter aussi ! » Aujourd'hui encore, Kô se moquait trop souvent d'elle. « Tu sais qu'il y a toujours une trace noir sur le plan de travail ? » Arrête de dire ça avec le sourire. C'était à se demander comment ils étaient toujours en vie... Et si le feu ne les avait pas tué, comment les parents avaient-ils pu les épargner ? Pas là. Ils n'avaient dû s'en rendre compte que quelques jours après, là où ça ne servait plus à rien de les engueuler.
Marquant une pause Yue réfléchit un instant. « Tu as gardé contact avec d'autres amis ici ? » A peine eut-elle fini sa phrase qu'elle pinça ses lèvres. Pas comme avec elle... Elle se sentait idiote de demander. Même si Kô l'avait fait, il aurait la délicatesse de ne pas lui dire quand il lui avait fait subir un silence radio de 6 ans. « Enfin... Tu sais, dans ce quartier je n'avais que toi... Et j'ai retrouvé plein de personne à Eita. » Elle frappa son poing dans sa main. « Oh ! Même Hiro ! Tu te souviens de Takagi Hiro ? Il était avec moi depuis le jardin d'enfant... Et ben on était encore ensemble au lycée à Eita ! Il doit toujours y être d'ailleurs... » En comédie si elle ne disait pas de bêtise. La jeune idole sourit à son ami. « On ira voir les Nishikido demain, comme ça on pourra leur prendre un truc. C'est dommage que Ryo ne soit pas à Osaka en ce moment... Il va bientôt être papa, tu sais. » Son sourire s'agrandit. Elle était peut-être un trop fière pour une simple petite voisine. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être heureuse, comme si l'enfant était le sien. Heureusement, ce n'était pas le cas. Sinon, on aurait rebaptisé Ryo, Jésus.
Elle se balança une longue minute avant de sauter en plein vol pour se retrouver, on ne savait pas quel miracle, sur ses deux pieds, et toujours aussi fière. Yue s'étira et fit un signe de la main au Mexicain. « Va pour le salon de thé ! Tu m'as donné envie d'un bubble tea et d'un gâteau ! » C'était de te souvenir que t'avais failli en mourir c'est ça ?

Ce n'était pas très loin d'ici. A côté de leur collège, duquel ils s'y rendaient à pied. Tous les jours. Ensemble. Il n'y avait pas une fois – ou si rarement – où ils ne s'attendaient pas pour faire le chemin à deux. Attrapant par le bras, elle le tira avec enthousiasme pour l’entraîner vers le salon.
Ils ne mirent pas plus d'une dizaine de minute pour arriver à destination. L'Osakan marqua un nouveau temps d'arrêt. En fait, depuis que Kô était parti... elle se rendait compte qu'elle n'y avait plus mis les pieds. Son cœur s'emballa sans qu'elle n'en comprenne la raison.

« Ca aussi, ça n'a pas changé, » souffla-t-elle plus étonnée, mais soulagée, qu'elle n'aurait dû l'être.

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Parfois – souvent – Yue avait envie de revenir à cette époque où tout était plus simple. Où elle riait avec Kô avec insouciance. Une époque où elle le quittait presque jamais. Une époque où leur rêve n'était que des rêves et qu'ils n'impliquaient encore aucune responsabilité. Pas de règles, juste eux et leur projet d'avenir parfois farfelues. Mais toujours en tant qu'artiste... et ensemble.
Elle la chérissait tendrement cette époque. Aujourd'hui, ils ne pouvaient plus y revenir. Ils avaient grandi tous les deux. Yue avait désormais ce statut particulier qu'elle avait tant convoité et qui lui donnait beaucoup de responsabilité. Peut-être trop pour une fille comme elle. Elle avait toujours fait en sorte de donner la meilleure image d'elle-même. Si son côté insouciant avait tendance à rebuter les adultes qui ne la pensait pas capables d'être responsable, elle avait néanmoins réussi à convaincre les gens qu'il fallait pour accomplir ce qu'elle avait clamé être son rêve durant six ans.
Mais ça ne lui faisait pas de mal de retrouver les souvenirs qu'elle avait laissé dans sa ville natale. Avec Kô. Et elle se plaisait naïvement à croire que rien n'avait changé.

Kô n'avait pas l'air de mentir quand il disait qu'il n'avait gardé contact avec personne d'autre dans le quartier. Non, le sentiment de soulagement qu'elle ressentait, il n'était absolument pas légitime. C'était attristée qu'elle devait être ! Attristée pour Kô qui devait avoir perdu des tas d'amis ici... Elle ne connaissait personne qui ne l'aimait pas. Bon, aucun qui l'aimait autant qu'elle, mais tout de même. Pour autant, la seule chose qu'elle arriva clairement à penser c'est qu'au moins, elle n'était pas la seule... même si, très égoïstement, elle aurait préféré être la seule qui ne l'avait pas perdu de vue. Mais les raisons de Kô, elle les avait entendu. Elle ne lui en voulait plus. Il était là, n'est-ce pas ? Inutile d'y repenser.
Elle reporta très vite son attention sur son ancien camarade qu'elle avait évoqué plus tôt avec un large sourire. Parler de Hiro l'amusait, parce qu'elle l'appréciait vraiment. « Fidèle à lui-même ! » répondit-elle en riant. Ils étaient assez différents tous les deux et la jeune fille ne l'avait jamais suivi dans ses délires qui ne lui correspondait pas vraiment. Mais c'était loin d'être un mauvais bougre et elle s'était toujours bien entendu avec.
Kô ne sembla pas surpris pour Ryo. C'est qu'elle, elle l'avait appris de lui et puis, Mika avai vécu quelques temps dans l'appartement d'en face, donc elle était au courant. Mais elle oubliait sans doute que ce genre de nouvelle, quand elle touchait une idole, ça ne pouvait pas resté secret très longtemps. C'était la vie qui l'attendait... Enfin, pas de devenir parent hein ! … enfin pas tout de suite... ! Le problème c'est qu'elle aurait peut-être dû se contenter d'une réponse brêve.

« Aucune idée ! C'est la surprise, héhé ! Je ne sais même pas s'ils le savent eux-même... » Très bien, tais-toi maintenant. Tu demanderas à Nishikido-san demain, pas besoin de prendre cet air pensif. « Un garçon ça serait bien ! On pourra le marier à Kimi-chan plus tard ! » Non. Juste non. T'as pas l'impression qu'il y a problème ? Genre, parler du mariage de ta sœur alors que tu sais même gérer tes propres relations amoureuses ? … pour le peu qu'il y avait eu … « Mais une fille, c'est très bien aussi. En plus, avec ses parents, elle sera forcément jolie. » Pour Ryo, elle n'était peut-être pas très objective. On disait pas d'un membre de sa famille qu'il était moche, vous voyez ? Mais elle pouvait affirmer sans hésitation que Mika faisait partie des plus jolies filles de son entourage. Elle ne s'était d'ailleurs pas gênée pour lui dire la première fois qu'elles s'étaient réellement parlé... « Les deux me vont ! » Mais... ! On te demande pas ton avis enfin !!! C'est pas toi la mère Yue !!
Heureusement... De toute façon, il aurait fallu qu'elle soit la première Marie bridée et le seul Gabriel qu'elle connaissait, elle n'était pas certaine qu'il vienne de là-haut. Remarquez, des apparitions divines, elle en avait déjà connu. Mais elle ne s'étalerait pas sur la potentielle affiliation à Dieu du colocataire de Kô.

Au lieu de réfléchir à des bêtises plus grosse qu'elle, il était préférable qu'elle se concentre sur la route pour ne pas mourir avant d'atteindre le fameux salon de thé sur lequel, les deux amis avaient jeté leur dévolu. Une vague de nostalgie l'envahit quand elle rentra dans l'établissement et elle se dirigea naturellement vers la table qu'ils avaient l'habitude de prendre au collège.
Un sourire éclaira la figure de la jeune idole. Kô était si serviable ! Son regard se dirigea vers la vitrine du comptoir qui exposait différents cupcake over kawaii... Après une intense réflexion, Yue désigna celui en forme de lapin et elle choisit un bubble tea au lait et à la fraise. Dans le genre goût d'adulte, Yue marqua un score très élevé.

Quand le Mexicain revint avec tout ça, elle le remercia une nouvelle fois et accueillit son petit gâteau avec des étoiles dans les yeux. Adulte, toussa... « C'est tellement mignon... ! » Elle n'était même pas sûr de réussir à le manger. Elle s'empressa de sortir son téléphone pour immortaliser cette pâtisserie qui finirait bientôt dans son estomac... à contre cœur !
Elle releva enfin les yeux vers son ami, sans se défaire de son sourire. « J'en doute pas. » La gérante n'avait pas changé, l'établissement était le même, même la clientèle semblait inchangée... même si la sur le moment, elle ne reconnu aucune tête. En revanche, elle devait peut-être faire attention à ce qu'on ne la reconnaisse pas. C'est pourquoi faire un signe de la main à la gérante, ce n'était peut-être pas une bonne idée...
C'est Kô qui la ramena un peu trop soudainement à la réalité en évoquant sa célébrité. Oui... Tu l'oublies un peu trop Yue. Le fait qu'elle ne se soit pas encore fait aborder ne l'avait pas aidé à se montrer plus raisonnable. Dans son quartier, il y avait eu peu de risque. Depuis qu'elle y revenait et même après son recrutement au label,elle avait toujours pu s'y balader en sûreté. Mais il était moins fréquenté que ce coin là de la ville. Une moue embêtée assombrit le visage de l'Osakan tandis que le garçon évoquait des risques dont elle se serait bien passé.

« Désolée... La dernière fois, tu as été embêté à cause de moi... » Se retrouver sur le blog Krystal, elle ne s'y était pas attendu mais plus que tout, c'était le présence de Kô qu'elle y avait constaté avec horreur. A peine arrivé, elle lui avait déjà crée des problèmes. Attrapant sa boisson, elle vint en mordiller la paille sans boire pour autant, avant d'ajouter tout aussi doucement : « Tu as raison, je devrais faire plus attention... » Heureusement, personne n'était venu les interpeller pour l'instant. Mais il n'avait pas tort... les photos, ça arrivait si vite. Et même son esprit un peu lent pour ce genre de chose n'avait aucun mal à comprendre qu'on pourrait rapidement se méprendre sur leur relation.
Sa dernière remarque la fit cependant doucement sourire. « Merci. » Ce n'était peut-être pas un compliment, mais c'était ce qu'elle voulait. Ne pas changer, sous prétexte qu'elle était idole. « Je crois que j'ai du mal à réaliser moi aussi... » Il serait temps, ça faisait 5 mois à présent. Mais il y avait des choses auxquelles elle ne pouvait pas renoncer. Posant son regard sur son meilleur ami, son sourire se fit plus tendre. A Kô, elle ne pouvait pas y renoncer... « Je veux pas que ça change entre nous, tu sais ? Maintenant que je suis devenue, tu sais... » … comme si c'était tabou ! C'était un peu idiot de jouer sur la prudence maintenant alors qu'elle était à visage découvert dans un lieu public. « … Je n'ai pas envie de me forcer à moins te voir... même si c'est pas raisonnable, je peux pas faire ça... » Elle s'était toujours dit que sa carrière passerait avant tout. Elle y avait mis tant de conviction. Il y avait tellement cru... Mais ça, c'était avant que Kô ne revienne dans sa vie. Et il y avait des choses contre lesquels même ses rêves ne pouvait pas lutter. De Kô, elle voulait en profiter chaque fois qu'elle ne pouvait... Elle ne voulait plus gaspiller la moindre seconde avec lui.
Ses yeux se posèrent sur les oreilles sucrées de son lapin. Mordillant sa lèvre, elle se fit violence pour ajouter :

« Mais je comprendrai si tu veux que je sois moins capricieuse... Je ne veux pas t'attirer plus d’ennuis. »  

BY .SOULMATES

Yue  & Kô
Home is the place, when you leave, you just miss it.

Oui pour l'instant, ça allait. Il n'y avait presque personne dans ce café. Ils ne craignaient rien. Yue voulait croire à ce sourire rassurant que lui offrait son meilleur ami. Elle voulait croire à tous ses sourires... Mais si sur l'instant, la jeune fille avait vaguement hoché la tête, ses lèvres s'étaient pincées malgré elle tandis qu'elle prononçait ce vœu silencieux : juste maintenant, voire pour les quelques jours qu'ils avaient à passer ensemble, Yue souhaitait que l'on oublie son statut d'idole. Elle aimait les fans, elle aimait leurs sourires et leurs encouragements.... Mais celui qui comptait le plus à présent était en face d'elle, sirotant un bubble tea en la couvrant de ce regard qu'elle aimait tant, comme si six ans n'avaient pas passé. Kô... Elle voulait seulement se préoccuper de lui. Lui réserver ses sourires et ses rires. Elle voulait seulement que personne ne vienne percer cette bulle qu'elle s'était accordé avec lui pour ce séjour à la maison...
Ce n'était pas responsable de penser ça quand elle était à présent idole... mais elle ne pouvait pas s'empêcher de le penser quand même.

Pour autant, même si elle avait exprimé son caprice de ne rien voir changer entre eux malgré sa célébrité, elle s'était faite violence pour laisser le choix à Kô. Bien évidemment, il n'y avait qu'une seule réponse qu'elle avait envie d'entendre... Mais le garçon avait le droit de prendre un peu de distance dans leur relation s'il jugeait cela plus raisonnable autant pour elle que pour lui. Surtout pour lui. Elle ne voulait plus lui attirer des ennuis. Etre avec Kô, c'était ce qu'elle désirait le plus... mais lui faire du mal, ce qui la rebutait de loin. Elle ne supporterait pas que son meilleur ami soit pris pour cible par des fans un peu trop extrême, des médias, ou même son propre label qui n'était autre que l'école où il étudiait, sous prétexte qu'il était un peu trop proche de la jeune idole.
C'était cruel. Idiot aussi. Injuste. Qui avait-il de mal à ce que Yue ait ce genre de relation avec Kô ? Quel genre de relation ? Ils étaient meilleurs amis. Depuis toujours. Ca n'avait jamais changé. Ils ne faisaient rien de mal... Personne n'avait le droit de la priver de son ami... On l'avait fait déjà bien trop longtemps...
Mais si son être tout entier lui criait de ne plus laisser filer une seule seconde avec Kô, elle ne voulait cependant pas non plus le lui imposer... Il pouvait lui dire d'être moins capricieuse... Il pouvait...
Non. Il ne pouvait. Il n'avait pas le droit. Yue ne voulait pas entendre ça.
Et elle ne l'avait pas entendu.
Les mots de Kô lui avaient fait relever les yeux qu'elle avait machinalement baissés pendant toute la durée de son combat intérieur. Rien ne changerait. Son cœur lui envoya un coup plus fort dans la poitrine. Rien. Pas même les fans. Ses yeux s'illuminèrent de gratitude et inconsciemment sa tête se hocha accompagnant cet intense soulagement qui gagnait son cœur. Non, leur relation n'en serait pas affecté. Parce qu'ils seraient toujours ensemble, parce qu'ils étaient deux contre le monde... Parce qu'ils se l'étaient promis. Le sourire de Yue ne fut pas seulement doux et soulagé... Sur le coin de ses lèvres brillait ce sentiment qu'elle prenait depuis trop longtemps pour une trop forte amitié et qui trahissait les raisons de ces battements de cœurs trop rapides.

A chaque mot de Kô, l'Osakan n'avait pas cessé de hocher la tête, approuvant chacun d'eux. Continuer à se voir oui, même si ce n'était pas très prudent, oui, ils feraient attention, un peu, oui. Même si elle était célèbre, oui. Ne plus perdre de temps parce qu'ils en avaient déjà trop gâché à cause de lui, oui. … Non ! Yue cessa de hocher la tête pour en changer la directement et la secouer négativement. Oui, c'est vrai, six ans, c'était trop, et il était vrai aussi que Kô était celui qui avait coupé les ponts pour des raisons qu'elle avait entendu... accepté aussi, malgré la souffrance qu'elles lui avaient infligé. Mais elle ne voulait plus que Kô s'en veuille ou se torture avec cette décision qui de toute façon était faite... Et puisque aujourd'hui, ils étaient là, tous les deux... Kô ne devait plus se prendre la tête. « C'est bon.. Tu es là maintenant, tu es revenu... Tu ne m'as pas oublié... C'est tout ce qui compte. » Que Kô soit de retour et qu'elle puisse de nouveau lui parler, le toucher, le voir sourire ou chanter avec lui... Que leur amitié soit toujours intact. Cette séparation, Kô avait peut-être raison, c'était sans doute un mal pour un bien. Même si tout ce temps, elle avait eu si peur qu'il l'oublie... quand elle, lui dédiait une pensée chaque jour, chaque nuit. Un espoir qu'elle avait cru perdu, de le revoir un jour et de lui dire à quel point Kô lui manquait et qu'elle avait terriblement besoin de son meilleur ami... Et si ce jour-là, Kô s'était retourné et avait ensuite passé son chemin dans l'indifférence, la jeune fille en aurait probablement mourut.  
Elle allait ajouter quelque chose. Elle avait ouvert la bouche pour ça. Mais elle oublia totalement quoi quand sa main se fit doucement capturer par une chaleur imprévue et un peu trop douce. Son cœur loupa un battement. Est-ce que Kô venait de... ? C'était bien sa main. Sous la table. Qui serrait la sienne, doucement... Non, plus fort maintenant. Et qui affolait sa pompe à sang tant ce geste était inattendu. Mais les mots qui suivirent l'étaient sans aucun doute bien plus...
Ils passèrent peut-être un peu trop en boucle dans sa tête. Elle aussi, bien sûr, qu'elle voulait être avec lui. Mais Kô avait l'air si sérieux, qu'elle ne pouvait pas nier s'être troublée … « Kô... » Elle aussi. Elle voulait le dire. Mais elle n'y arrivait pas. A la place, ses joues avaient seulement pris une teinte plus rose.
Cette promesse... Kô semblait y tenir. Autant qu'elle. Amis pour toujours. Oui, voilà. C'était ça. C'était bien ça qu'elle voulait. Alors pourquoi la confusion semblait régner à cette table ? Que Kô et elle restent amis... et proches... Et complices... ensemble... oui, c'était bien tout ce qu'elle voulait... rien de plus... Pourtant sa main rattrapa celle de Kô qui la quittait lentement. Elle voulait le retenir encore un peu... Pourquoi, elle ne savait pas très bien. Sa main avait bougé d'elle-même et ce malgré le mutisme dont elle semblait soudain frappé.

« Kô... » réitéra-t-elle de cette même voix empreint de trouble. S'obstinant à garder les yeux rivés sur la table, Yue semblait menerun nouveau combat intérieur... et les mots qui s'échappèrent enfin d'entre ses lèvres signèrent la victoire de l'égoïsme : « … Tu ne partiras plus alors ? » Partir était bien le verbe qu'elle s'était efforcé de troquer contre abandonner. Mais en dépit de l'effort, elle n'était malheureusement pas suffisamment idiote pour ignorer que la demande était le comble de l’égoïsme. Elle le savait pourtant... qu'elle n'avait pas le droit de lui demander ce genre de chose. Si Kô ne se trouvait finalement pas si heureux que ça au Japon, qu'il regrettait subitement sa vie au Mexique ou en Espagne... Si son bonheur se trouvait ailleurs qu'ici... loin d'elle... elle n'avait aucun droit de le retenir. Elle le savait... et pourtant... la gamine de 14 ans qui s'était du jour au lendemain retrouver toute seule n'avait pas réussi à lâcher cette main qu'elle n'avait pas su retenir six ans auparavant.

Yue releva légèrement les yeux au bout de quelques secondes, et croiser le regard de Kô lui fit prendre d'avantage conscience qu'elle n'était pas censé lui dire tout ça. A nouveau sa bouche s'ouvrit, confuse, elle allait s'excuser, lui dire qu'ils seraient bel et bien amis pour toujours et puis elle mangerait son lapin et...
Ce fut, cette fois, une voix avenante et familière qui l'interrompit dans sa tentative d'expression. « Yue-chan, comme je suis contente que tu reviennes ici après tant de temps ! » Son regard coula de Kô à la gérante qui s'était déplacée à leur table avec un immense sourire. Prise de court, la main de Yue s'était enfuit, lâchant brusquement celle de Kô pour se plaquer contre son propre ventre. « Au début, je n'étais pas très sûre que ça soit toi à cause de tes cheveux... mais avec Kô-chan à tes côtés, je n'ai plus eu aucun doute ! Aaah ! J'ai eu l'impression de revenir 10 ans en arrière, c'est fou ! » Seulement six en vérité, mais l'émotion de cette dame devait primer sur le calcul. Quoiqu'il en en soit, la jeune idole lui adressa un large sourire touché et inclina poliment la tête. « Moi aussi, je suis contente que cette endroit n'ait pas changé. Et vos cupcake sont toujours aussi adorables. » A défaut d'être incapable d'y goutter pour le moment... L'idole ne se défit pas de son sourire tandis qu'elle échangeait quelques banalités avec la femme, s'intéressant également à son meilleur ami qui semblait lui avoir tout autant manqué. Cependant, la gérante finit par se tourner vers l'idole, une idée plus concrète en tête.

« J'y pense Yue-chan... Ca te dirait que je vous prenne en photo ? J'avoue bien vouloir me vanter d'avoir une idole pour cliente, et je suis certaine que tes fans adoreront en apprendre un peu plus sur toi et tes fréquentations ! »

Yue écarquilla un instant les yeux, incrédule face à la demande plutôt culotté de la gérante. L’enthousiasme dont elle faisait preuve empêcha sans doute Yue de lui en vouloir, pour autant, la panique la gagna même si elle s'efforça de ne rien montrer. « Eh... eh bien... » Le temps qu'elle gagnait à bredouiller était trop mince et elle dû réfléchir à toute vitesse... Avoir sa photo dans ce café... prendre le risque que Kô soit de nouveaux mêlé à de fausses rumeurs... Elle ne voulait pas ça, même si elle aimait beaucoup l'endroit et que jusqu'à présent, trouvait la gérante très agréable....
Inconsciemment, ses yeux s'étaient tournés vers Kô... et la détresse brillait clairement ua fond de ses pupilles.

BY .SOULMATES