Un jour Maiko, tu apprendras qu’il y a des choses qui ne se font pas. Pourquoi est-ce que c’est toujours l’homme qui couvre la femme dans les films ?
Hum… parce que dans ces cas là, l’homme n’est pas une fragile princesse et la femme une forte guerrière ? S’il y a une chose que Yasuo ne lui avait pas appris manifestement c’était à préserver la fierté masculine. Et ce n’était pas maintenant que son ancien beau frère prétendait ne pas avoir besoin qu’elle s’occupe de lui de cette manière qu’elle allait changer d’avis et se raisonner pour une attitude plus féminine de faible femme en détresse. Malgré la mention de star wars, sa tête s’était secouée « Si tu tombes malade Han, tu vas devoir appeler Alfred à la rescousse ! » pauvre Alfred, elle l’imaginait sans peine au chevet d’un enfant qui l’appelait toutes les cinq minutes parce qu’il se pensait au bord de la mort ou parce qu’il avait sans cesse besoin de quelque chose. Une pastille pour la gorge, une histoire, une boisson chaude. Soyons réaliste 5 minutes, Daisuke était déjà pénible sans être malade alors avec les microbes, il devenait pire qu’un enfant perdu ! « Alors sois sage Solo, j’ai pas envie que tu passes tes journées à l’embêter ! ».
La précédente version du « qu’est-ce qu’elle ferait sans cette plaie ? » n’était-elle pas un peu mieux ? Probablement… En tout cas, c’était la version qui semblait le plus amuser le Serizawa à en juger par le rire qu’il venait de se permettre.
Boudeuse, ses joues s’étaient gonflées légèrement avant qu’elle ne secoue la tête. Mauvaise foi sur ce coup là… on ne pouvait pas lui donner tort au sith. Avec ou sans lui, et même sans Ren d’ailleurs, cette Kotani là avait un sérieux don pour créer des situations catastrophiques.
Et si elle était convaincue que la poisse était après elle… on avait bien envie de lui répondre qu’elle avait une fâcheuse tendance à l’attirer toute seule cette poisse « ça c’est faux ! » … toujours non ! « T’as déjà de la fièvre pour dérailler comme ça ? » Dis donc Kotani, tu veux qu’on te le rappelle à cause de qui vous êtes désormais coincés dans cette piscine ?
Lui évidemment ! Il n’avait pas pris les clés ! Quel genre d’idiot ne prenait pas les clés ?
Le genre qui pensait à coincer la porte. Le genre qui venait dans un endroit supposément fermé et ne pensait pas avoir à faire face au problème d’une imbécile qui prétendait ne pas voir le panneau des horaires avant de retirer cette petite cale de bois salvatrice !

Qu’est-ce qu’elle aurait pu lui dire de plus ?
Rien du tout.
Tout le reste, elle avait arrêté d’y penser il y a longtemps…. Et c’était mieux comme ça. Mais quand elle l’avait perdu cet imbécile de beau frère, elle avait été plus triste qu’elle n’avait bien voulu l’admettre. En tant que Kotani, elle se devait de réagir comme une dure à cuire. Mais pour être tout à fait honnête, il lui avait trop longtemps manqué. Et quand elle était enfin parvenue à se convaincre qu’il était inutile de l’attendre… il y avait toujours ces moments où elle se perdait un peu dans les « avant ».
« Avant », elle l’aurait appelé. Ou « avant », avec ce temps libre, elle lui aurait fait un gâteau dans une forme ridicule parce qu’il n’avait pas l’air d’avoir le moral la dernière fois. Ou ces souvenirs que dans le fond elle n’aurait même pas dû avoir puisqu’avec une illusion… on ne pouvait pas les partager.

Coupée dans sa réflexion par le mouvement, elle avait relevé son regard vers lui et la surprise avait à peine eu le temps de s’y lire que déjà le sith agissait pour reprendre sa place d’homme « Attends ! ». Trop tard. Si elle voulait s’épargner cette scène gênante, le noyer dans la piscine plus tôt aurait été la meilleure stratégie.
Crispée, elle n’était plus certaine de respirer encore quand son dos avait rencontré le torse « gras » de son ancien patron. Et elle n’était pas certaine non plus d’avoir été plus rouge. Ah si… cette fois où elle avait fait de la plongée sous-marine, elle l’était définitivement plus !
Mais alors que son cœur adoptait un rythme affolé et qu’elle cherchait déjà une issue de secours, alors qu’une première tentative de fuite s’était amorcée quand elle avait tenté de se décoller dans un sursaut d’intelligence, le battement qu’elle avait senti contre son dos l’avait figé de trop longues secondes.
« J’ai… j’ai pas froid ! » il y a trois secondes peut-être mais maintenant ses joues en feu finiraient bien par la réchauffer non ?

Trop perturbant, le rythme de ce cœur qu’elle sentait contre son dos semblait vouloir affoler encore plus le sien.
Il était fou. C’était fou. Complètement fou. Elle ne devait pas réfléchir à tout ça. Parce qu’il n’y avait rien à comprendre de son côté… non ? Evidemment que non ! D’accord, il avait peut-être été cette première faiblesse de jeunesse… c’est vrai. Mais elle s’était raisonnée depuis. C’était surtout son ex beau-frère. Et grâce aux nombreuses conneries de cet idiot, à ses mensonges, il avait su avoir raison de son attachement qu’elle avait appris à voir comme purement fraternel.
C’est vrai que physiquement, il devait lui plaire assez pour qu’avec un peu d’alcool elle se mette à dérailler mais… mais ça ne voulait rien dire ! N’importe quelle imbécile le trouverait beau même si elle prétendrait sans fin qu’il avait trop fréquenté le mcdo.
Pourquoi est-ce qu’elle y réfléchissait ?
Parce que cet idiot lui demandait de le faire… alors qu’il devait arrêter de parler.

« … » stupide possessif qui avait fait louper à son cœur un battement. Stupide possessif qui avait laissé son dos là où il se trouvait. Oui, c’était vrai qu’il faisait froid. Ce serait idiot d’attraper la mort simplement parce qu’on était une guerrière Kotani et qu’on devait condamner les mots insensés d’un Serizawa « Je suis rassurée de voir que tu te souviens encore comment je m’appelle. »  typique du clan, faire sa maligne pour couvrir la faiblesse « … » et ne jamais répondre ou le rembarrer durement. Après tout, c’était ce qu’elle était supposée faire. Il n’était peut-être pas le connard qu’il avait joué tout ce temps, mais il l’avait si bien joué….
« … la vérité… c’est que… je ne sais plus grand-chose maintenant. » perdue, elle l’était un peu trop. Pourtant, tout avait toujours été si simple dans leur philosophie de famille. « … ma mère est plus bas que ce que je pensais, ma sœur nous ment depuis trop longtemps et toi… » « tu le fais tout autant … » « … t’as toujours compté pour moi, c’est vrai… beaucoup compté... y’a peut-être même un moment où… » tais-toi Maiko. Vraiment. « … mais on ne devrait même pas réfléchir à tout ça… me demande pas de le faire. Moi tout ce que je veux… » elle ne le savait même pas. Ou plutôt elle le savait trop bien que c’était impossible ce qu’elle voulait. Que tout soit simple comme avant… bien avant tous les problèmes. Sans y réfléchir, sa main était sortie de sous ce peignoir pour trouver celle de son aîné et la serrer doucement dans la sienne « … je me sens trop perdue Daisuke… me demande pas de l’être encore plus… je ne peux pas juste récupérer mon ami un peu idiot maintenant ? »

Juste tout comme avant….
… elle lui en demandait un peu trop non ?
La force de réfléchir à tout ça maintenant, elle ne l’avait pas.

« … s’il te plait… »

« reste juste avec moi »…