Hier soir, Shia m’a envoyé un message pour me demander si un jour il pourrait venir à l’orphelinat avec moi. Apparemment il pense que d’être avec des enfants le rassurerait quant à son rôle de père. Bien sûr j’ai accepté. Ça me fait plaisir qu’il vienne à l’orphelinat, même si c’est pour s’entraîner en tant que futur papa. En général je ne propose jamais d’emmener quelqu’un à l’orphelinat, parce que je me dis que ça peut gêner la personne. Mais si on me demande je dis oui très volontiers. Ça tombe bien en plus, parce que j’y vais aujourd’hui. Donc je lui ai dit qu’on se retrouvait à la gare de Shinjuku, étant donné qu’il ne sait pas où c’est.

Ce matin je me suis levé à une heure correcte. Quand je me suis réveillé le lit était vide. Je suis alors allé dans la cuisine mais Minami n’y était pas. Elle était sans doute déjà partie. Sur le frigo elle avait laissé un petit mot. Je souris en le lisant. Elle me disait de bien profiter à l’orphelinat et de passer le bonjour à Sakura. Elle avait signé avec un petit cœur. Je me prépare tranquillement, m’habillant, me coiffant tout en faisant attention à ne pas toucher mes boucles d’oreille. Quand je suis prêt j’enfile ce qu’il me reste à mettre, c’est-à-dire écharpe monté jusqu’au nez, lunette, bonnet, manteau et chaussures. Prêt à partir, je prends mes affaires sans oublier le sac à dos. Aujourd’hui j’ai deux sacs, mon sac à main normal que je prends tout le temps et un sac à dos. Dedans ce dernier il y a les souvenirs du Canada que j’ai acheté pour les enfants de l’orphelinat.

Une fois que je suis sorti de l’appartement en l’ayant bien refermé à clé, je me dirige vers la gare afin de prendre le métro pour me rendre dans mon quartier natal et y attendre mon meilleur ami polonais. J’arrive sans problème, je suis même un peu en avance. Pour attendre Shia je me mets dans un endroit un peu caché mais pas trop non plus. Quand je le vois descendre du métro je lui fais signe et sors de ma cachette pour m’avancer vers lui.

« Yo ! Ça va ? Pas trop stressé ? »

Rigolant un peu, je m’amuse. Il n’a aucune raison d’angoisser. Les enfants sont gentils en général et puis quoiqu’il en soit il fera un très bon père. Je lui fais signe de me suivre.

« Allez viens ! Je vais faire ton guide. »

Nous quittons la gare et partons en direction de l’endroit où j’ai grandi. Pour le moment il ne devrait pas y avoir beaucoup d’enfants parce que nous sommes mardi et ils sont à l’école. Mais il y en aura quelques uns quand même. Le chemin se fait rapidement. Arrivé devant le petit portail je lève mon déguisement, autrement dit les lunettes, le bonnet et je redescends mon écharpe. Puis je regarde mon meilleur ami.

« Nous y voilà ! »

J’ouvre le portail et rentre tout en tenant encore un peu le portail afin qu’il rentre. Les quelques enfants présents dans le bâtiment se ruent sur moi.

« Rin-nii-chan !!!!!!!!!! »

Même quand il y a peu d’enfants j’ai toujours droit à ce genre d’accueil et à chaque fois ça me fait énormément plaisir. Ça me réchauffe le cœur. Mon sourire est aussi grand et joyeux qu’eux.

« Tadaima ! »

Ils n’ont pas besoin que je leur dise quoique ce soit qu’ils vont faire le même accueil à l’invité d’aujourd’hui.

« Shia-nii-chan !!!! »

Mes yeux se tournent vers mon meilleur ami à qui j’adresse un sourire. Voyons comment il réagit.

Retrouvant mon meilleur ami à la gare de Shinjuku, je lui avais alors demandé si ça allait et s’il n’était pas trop stressé. « Rin-kun! » Il semblait content de me voir. « Ca va, je suppose! » Sa réponse me fit sourire. Je le fis sortir de la gare et le conduis jusqu’à mon orphelinat. Arrivé là-bas, les enfants nous réservèrent le même accueil que d’habitude. Quand ils le firent à Shia je le regardais afin de voir sa réaction. Verdict ? Il n’était pas rassuré. « Wow... Hé... salut... Enfin j'veux dire, bonjour... Ou Coucou, je sais pas, ça dit quoi un gosse ? » J’eus un petit rire.

« Ce que tu veux. Ils comprennent tout. »

Puis je vis le regard de mon meilleur ami qui sonnait comme un appel au secours. Je me rapprochai alors légèrement.

« Les enfants c’est bon maintenant, ça suffit. »

Ils me regardent et s’arrêtent pour se mettre face au leader des B.A.G. Soudain je le vois s’accroupir face aux petits tout en leur tendant la main. J’avoue que cela me surprend un peu. Mais je suis content et ça me fait plaisir. Il commence un peu à comprendre j’ai l’impression. Un sourire s’affiche sur mes lèvres. « Moi c'est Shia, je suis un ami de votre Grand Frère. Ca vous dirait d'être mes amis aussi ? » Là je laisse les enfants choisir leur réponse, à eux de dire ce qu’ils pensent de cette question. Un petit garçon s’avance vers mon meilleur ami et lui serre un doigt tandis qu’un autre lui dit « Tu as des yeux bizarres. »

« Kazuki ! »

Ma voix se veut un peu méchante. Mais c’est fait exprès, je veux lui faire comprendre que cela ne se dit pas. D’ailleurs il comprend où je veux en venir et baisse la tête. Puis Shia se redresse et me regarde. « Tu crois que c’est un compliment ? » Un sourire s’affiche alors sur mes lèvres.

« Comme tu veux. Après c’est un enfant donc je ne sais pas à quoi il pensait en disant ça. Mais il ne pensait pas forcément mal. C’est juste qu’ils ont pas l’habitude, ici on est dans un coin tranquille de Shinjuku donc on ne voit pas énormément d’autres nationalités. »

Après c’est à Shia de voir comment il veut le prendre. Il peut le prendre comme un compliment s’il veut. De toute manière je ne pense pas que Kazuki ait dit ça pour se moquer. Étant donné qu’il ne voit pas souvent des étrangers, c’est sorti tout seul à mon avis. D’ailleurs le petit se rapproche du polonais et s’incline face à lui.

« Pardon. »

Voilà ce n’était pas méchant. Il a dû se rendre compte qu’il avait peut-être vexé Shia. Ensuite la directrice sort du bâtiment. La voyant arrivé j’incline légèrement la tête pour la saluer avec un sourire. Je suis toujours content de la voir. Une fois qu’elle est à notre niveau elle s’adresse à mon meilleur ami.

« Bienvenue Loqhi-san. Faites comme chez vous. »

Mes yeux se dirigent vers mon leader et je lui offre un sourire.

« Je te présente la directrice. »

Autrement dit la personne qui a pris soin de moi depuis ma naissance. Et celle grâce à qui je suis idole aujourd’hui. Je lui en suis très reconnaissant. Sans elle et sans l’orphelinat je ne sais pas où je serais ni ce que je ferais. Ensuite je me dirige vers la porte du bâtiment tout en faisant signe à mon meilleur ami de me suivre.

« Viens je vais te montrer l’intérieur. »

L’orphelinat lui a réservé une petite surprise. Donc j’ouvre la porte et le laisse rentrer. En entrant on peut découvrir une énorme banderole avec écrit "Bienvenue et joyeux anniversaire Shia-nii-chan !!!" suspendue au plafond. Sans compter les enfants posté de chaque côté qui ont lancé des cotillons dès que le polonais a franchi la porte. J’étais au courant que les enfants avaient fait cette banderole. Mais l’intérêt est l’effet de surprise.

Kazuki vient de faire une remarque à mon meilleur ami, qui peut passer pour un compliment ou un reproche. Donc je l’interpelle un peu méchamment afin qu’il comprenne que cela ne se fait pas. Puis je rassure Shia en lui disant que c’est à lui de voir comment il veut le prendre. Mais que le petit ne l’a sûrement pas dit avec une pensée méchante. Après il s’excuse de lui-même, je ne lui ai jamais demandé de s’excuser. En général ils s’excusent d’eux-mêmes quand ils ont compris la bêtise. Là c’est ce qu’il s’est produit. Le polonais s’accroupit devant le garçon. J’observe alors mon meilleur ami. Un sourire naît sur mes lèvres. C’est une réaction de père. Il agit très bien. Kazuki finit même par rigoler avec mon meilleur ami. Ça veut dire qu’il lui fait confiance. Peu de temps après la directrice fait son apparition. Je la salue avec le sourire. Une fois qu’elle a salué Shia, je fais les présentations. « Vraiment enchanté de faire votre connaissance, Madame. Rin-kun m’a souvent parlé de vous! » La dernière phrase de mon meilleur ami me surprend. Mes joues prennent une légère teinte et mes yeux gênés se posent à peine sur la directrice. D’ailleurs ça la surprend un peu (la phrase de Shia) mais sa surprise se transforme vite en sourire.

« Tu n’as pas changé Rin-chan. Dès qu’on parle de moi tu rougis et tu es gêné. »

Un peu étonné, je ne sais pas comment je dois le prendre. Elle a raison et elle le sait. Je crois que c’est la personne qui me connaît le mieux.

« C’est que… »

Je baisse la tête ne sachant pas trop quoi dire. Elle voudrait que je change ?

« Rin-chan, je t’aime tel que tu es. »

La surprise se lit sans doute sur mon visage. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle dise ça d’un coup. Je la prends contre moi et la serre dans mes bras. Même si elle est surprise par mon câlin, elle referme ses bras autour de moi et me caresse les cheveux avec une main. L’orphelinat est le seul endroit où je peux être comme ça, 100 % naturel. C’est le vrai moi. D’un coup les enfants râlent.

« Rôôôôh ! Nous aussi câlin ! »

Ils s’agglutinent tous autour de la directrice et moi. Kazuki attrape la main de Shia et le tire dans le câlin groupé. Après le petit moment de réconfort, je propose au leader de rentrer à l’intérieur. La directrice rentre en première, puis les enfants guident Shia tout en lui tenant la main. Ensuite ils le lâchent et rentrent avant lui. Tenant la porte je le laisse passer devant. Dès qu’il pose un pied à l’intérieur, les enfants –qui sont rentrés avant lui- lui jettent des cotillons. Surprise ! Les orphelins ont accroché une banderole au plafond pour souhaiter la bienvenue et un joyeux anniversaire à mon meilleur ami. C’est pourquoi je l’ai laissé rentrer avant moi. J’étais au courant, parce que quelques jours avant les enfants m’ont demandé comment on écrivait son prénom en japonais. Ils sont encore trop petits pour savoir écrire en anglais. Ou alors il aurait fallu qu’ils me demandent d’écrire le texte sur une feuille au préalable. Mais ils m’ont prévenu au dernier moment. Entendant Shia renifler comme pour ne pas pleurer, je lui donne une tape amicale dans le dos. « Wow mais vous êtes fous... Merci! Vraiment merci! Je n'ai même pas eu de fête d'anniversaire avec mes amis, et vous vous me faites un truc pareil ? Je ne vais plus vouloir partir d'ici ce soir, Rin devra me traîner par terre dans le métro! » Et quand il est venu chez moi le jour de son anniversaire ce n’était pas une fête d’anniversaire ? Sans doute pas pour lui vu que nous étions que deux. A la base ce jour-là j’avais aussi invité Yoko, car je sais que c’est sa meilleure amie. Mais elle n’était pas là elle était occupée avec Kenta. Certes je lui avais souhaité un peu avant par sms, mais il est quand même venu à l’appartement et nous avons quand même fait quelque chose. J’affiche un grand sourire, comme si de rien n’était, comme si je n’avais pas entendu la phrase. Je me place à côté de lui, étant donné que jusqu’à présent j’étais toujours derrière lui afin de fermer la porte et de le laisser profiter de sa surprise.

« Moi je traîne personne. »

Je rigole un peu. Soudain mon meilleur ami m’étreint. « Merci… T’es vraiment unique toi! » Pourquoi il me dit ça tout d’un coup ? Je ne comprends pas vraiment mais ce n’est pas grave. Il m’ébouriffe les cheveux et se concentre à nouveau sur les enfants en leur demandant de taper dans sa main parce que c’est ses copains et qu’il veut revenir faire la fête. En gros il revient tous les jours parce que des anniversaires il y en a très souvent dans un orphelinat. Puis je le vois aller voir la directrice. Je m’occupe alors des enfants qui viennent me voir naturellement, comme à chaque fois que je viens.

« De rien, c’est normal. Ici c’est un peu ohana. »

Prenant Kazuki au bras, j’en profite et m’amuse à le taquiner. Je sais qu’il ne m’en veut pas pour tout à l’heure. Un moment plus tard la directrice nous interrompt.

« Oh Rin-chan, tout à l’heure tu iras chercher Sakura-chan à l’école. Je ne lui ai pas dit que tu venais sinon elle n’aurait pas voulu aller à l’école. »

Un petit rire s’échappe de mes lèvres, je m’en doutais. Le léger rire laisse surtout place à un immense sourire. Je suis content de voir Sakura, en plus ça fait longtemps que je ne suis pas allé la chercher. Donc c’est avec grand plaisir que j’hoche la tête pour acquiescer. Kazuki demandant à descendre je le repose par terre. Je cherche à m’avancer vers Shia quand une petite fille glisse sur un cotillon. Mes bras se précipitent pour la rattraper au vol avant qu’elle ne rencontre la dureté du sol.

« Ayumi-chan tout va bien ? »

La redressant doucement elle me regarde avec un sourire tout en secouant la tête positivement. Bon ça va alors si elle n’a rien c’est l’essentiel.

« Bon allez maintenant tout le monde ramasse et range les cotillons. C’est dangereux, vous pouvez vous faire mal, d’accord ? Après on fera une pause et tout le monde boira un verre d’eau. »

Personne ne rechigne et chacun se met à ramasser. En même temps je pense qu’ils ont compris avec Ayumi qu’ils pouvaient se faire mal. Une fois que tout est propre et rangé, je regarde mon meilleur ami.

« Tu veux boire quelque chose ? »

L’eau c’est surtout pour les enfants, enfin ils peuvent aussi prendre du thé mais pas de soda. Ça c’est réservé au goûter quand tout le monde est là.